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Les dirigeants de l'ex-FIS dans l'embarras
Publié dans L'Expression le 12 - 02 - 2002

La mort de Zouabri semble diviser les responsables du parti dissous.
Plusieurs lectures sont, en effet, émises par des responsables exilés dans les différentes capitales occidentales. Pour nombre d'entre eux, l'élimination du terroriste sanguinaire, n'est pas étrangère à la prochaine échéance électorale. Depuis Londres, Djaâfar El- Houari, membre de l ‘exécutif du parti dissous, a estimé que «l'élimination du terroriste Antar Zouabri juste avant la tenue du scrutin, est une manière de brouiller les pistes qui mènent à ceux qui sont derrière la violence (...). Pourquoi les forces de sécurité ne l'ont-elles pas capturé vivant?», s'est-t-il interrogé en indiquant que «Zouabri est mort en emportant avec lui beaucoup d'informations sur la réalité du terrorisme». Le dirigeant de l'ex-FIS est allé encore plus loin dans sa lecture sur la situation sécuritaire et politique notamment à propos des offensives que mène, ces derniers jours, l'armée dans plusieurs régions du pays, en déclarant que l'Etat algérien se cache derrière les événements du 11 septembre pour «justifier la logique du tout sécuritaire». La lutte antiterroriste, explique-t-il, ne réglera pas la crise algérienne qui est, selon lui, essentiellement politique.
A partir des Pays-Bas, des membres de l'ex-FIS qui, semble-t-il, sont au courant des déplacements de Zouabri et de ses actions, ont indiqué que ce dernier fréquentait depuis longtemps la ville de Boufarik. Ils affirment, à ce propos, que les services de sécurité avaient la possibilité de l'éliminer.
De Suisse, une autre voix, celle de Mourad Dhina, déclare que les éléments du FIS dissous «ne participeront pas aux prochaines élections, tant que l'état d'urgence est toujours en vigueur», indiquant que cela est le mot d'ordre du leader Abbassi Madani.
Dans tous les cas de figure, les différentes déclarations butent sur la justification de la violence politique. «Nous faisons la distinction entre la violence politique et la criminelle», affirme explicitement Djaâfar El-Houari. Cet antagonisme dans le discours des différents porte-parole de l'ex-FIS demeure immuable. Un grand nombre de militants de l'ex-FIS se sont mis sous la bannière du GIA à la création de l'organisation terroriste et même après l'accession de Zouabri, le GIA comptait dans ses rangs des membres de l'ex-FIS. Il suffit de rappeler la revendication explicite de l'un de ses membres influents, Anouar Haddam, sur l'attentat commis au boulevard Amirouche en 1994. Par ailleurs, l'on ne se souvient pas de déclarations contre les centaines de massacres perpétrés contre la population civile. Les discours contre Zouabri ne se sont d'ailleurs fait entendre que lorsque le GIA a perdu du terrain militairement.
En tout état de cause, force est de constater qu'il y a absence d'homogénéité dans le discours dans les rangs de l'ex-FIS, qui impute cet état de fait aux dirigeants éparpillés à travers les différentes capitales du monde, ou même à ceux qui sont restés en Algérie. Les premiers indices sont apparus dès l'annonce de la tenue du congrès, d'ailleurs ajourné, à cause de la discorde entre les membres exilés aux Etats-Unis et ceux de l'Europe ainsi qu'avec les émirs de l'aile armée: AIS, qui a opté pour la concorde, voire la participation aux élections sous la bannière d'autres partis islamistes.
L'élimination de Zouabri constitue un autre sujet de discorde entre les différentes têtes de file de l'islamisme radical.


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