Malgré ses 80 ans, le maître n'a rien perdu de sa touche de génie. On ne l'a pas revu sur scène depuis...belle lurette. Il s'est éclipsé pour une longue période. Mais, il était de retour vendredi dernier. «Il», c'est le grand maître de la musique classique algérienne, Sid-Ahmed Serri. Oui, puisque c'est de lui qu'il s'agit. Une fois de plus, il a subjugué ses fans sur la scène de la salle Ibn Zeïdoun d'Alger. Quel retour! En quelle occasion! C'était une grande soirée artistique pour célébrer son 80e anniversaire. C'était un grand événement plein d'émotion. Car, à 80 ans il a réussi, comme à son habitude, à réunir la grande famille de l'andalou à Alger. Musiciens ou chanteurs, comédiens ou personnalités culturelles, fans ou amis du maître, ils étaient tous au rendez-vous. Ils étaient tous là. Et tous pour fêter ensemble l'anniversaire et surtout partager de bons moments avec ce monument de la musique classique algérienne. La salle était archicomble bien avant le début de la soirée. Il faut chercher à la loupe pour repérer une place inoccupée. Bon nombre d'invités ont assisté au concert debout, tandis qu' une grande foule n'a pu accéder à la salle. En fait, c'est sous une qaâda algéroise au décor typiquement andalou que ce grand maître a fêté ses 80 ans. Une fois sur scène, on oublie ses 80 ans. Il n'a rien perdu de sa touche. Il s'est produit comme à ses débuts. De l'avis de tous les connaisseurs et ses anciens amis, il a interprété des morceaux choisis de la chanson symbole Noubate El Ghrib, comme lorsqu'il était jeune. Même les musiciens qui l'ont accompagné ont été surpris de voir le maître chanter pendant plus d'une heure et demie avec le même rythme. «Il n'y a pas lieu de s'étonner, c'est d'un grand maître qu'il s'agit...», a déclaré un fan à un musicien dans la salle. Grâce à sa touche professionnelle, on a très bien compris que c'est d'un grand monsieur qu'il s'agit. Le concert s'est déroulé en deux parties. On a assisté à une contribution du groupe Al Anadil de Chéraga, sous la conduite de Youcef Ouazadji, ancien élève de Sid-Ahmed Serri qui s'est associé à cet hommage-anniversaire. La deuxième partie était consacrée au maître Ahmed Serri, qui a interprété, en souvenir de feu Abderrezak Fakhardji, Noubet El Ghrib. A cette occasion, beaucoup de personnalités et de connaisseurs ont apporté leur témoignage sur les oeuvres de Sid-Ahmed Serri. Kamel Bouchama, commissaire du projet «Alger, capitale de la culture arabe», a relevé qu'il a été maintes fois interpellé par ses homologues arabes quand il était ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, sur Sid-Ahmed Serri. «Beaucoup de ministres arabes me parlaient de lui. Ils étaient si émerveillés par ses oeuvres au point qu'ils étaient étonnés que cet Algérien chantait l'arabe comme un livre. Mes homologues ne cessaient de me parler de lui», a-t-il dit. Réda Bestandji, président de l'association Mezghena et ancien ami du cheikh, a considéré l'anniversaire de Sid-Ahmed Serri comme étant un événement pour toute la famille de l'andalou. «C'est un grand événement pour nous tous qui sommes à la tête de la musique andalouse et à la tête des associations culturelles de l'andalou». Dans son intervention, Mme la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui a parrainé cet hommage-anniversaire, a déclaré que «quoi que l'on dise, on ne pourra jamais décrire ce monument. On ne peut parler de la musique andalouse sans évoquer le nom de ce grand monsieur». Certes, les mots ne suffisent pas pour parler de lui, Mme Khalida Toumi n'a pas trouvé de mots que de lui chanter Happy birthday to you. Fêter 80 bougies dans un tel décor avec une telle qaâda est le rêve de tout un chacun. Peu de gens ont cette chance de célébrer leur anniversaire de cette manière, et Sid-Ahmed Serri est de ceux-là. Alors, on ne peut que vous dire: «Joyeux anniversaire, Cheikh!».