L'auteur échange une correspondance avec un ami imaginaire, pour exprimer son refus de la loi du 23 février glorifiant le colonialisme. Kamel Bouchama a présenté, avant-hier au soir, son dernier livre Lettre à René, lors d'une séance vente-dédicace organisée au stand de l'édition Dar El maârifa et ce, dans le cadre de la 11e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila). L'occasion était offerte aux lecteurs de se rapprocher de l'auteur, qui a choisi de recourir à une correspondance imaginaire afin d'exprimer son opinion. Il faut souligner que beaucoup d'auteurs, et de réputation universelle, ont recouru à ce genre d'écrits pour donner leurs avis sur diverses questions d'actualité. On cite, dans cette optique, l'auteur des Lettres persanes, publiées en 1721, Montesquieu. Plus de deux siècles plus tard, soit en 1945, son concitoyen, Albert Camus a tenté le coup en publiant Lettre à un ami allemand. Comme Camus, Kamel Bouchama a écrit à René, pour dénoncer et condamner la loi du 23 février qui glorifie les mérites du colonialisme. Mais qui est donc ce René qui revient incessamment dans ce livre? «René, a-t-il expliqué, est un personnage de mon imagination. Je m'adresse à lui et en sa qualité de député à l'Assemblée nationale française, et qui a pris une position vis-à-vis de cette loi. Je veux tout lui dire sur la glorieuse Révolution qu'a menée le peuple algérien contre le colonialisme.» Avec plus de détails, il répond: «Ces lettres sont constituées de trois chapitres à travers lesquels j'explique à René toute la vérité sur la présence française en Algérie. Dans le premier chapitre, je lui ai parlé de la grande volonté affichée par les Français à détruire nos coutumes et nos traditions. Dans le deuxième chapitre, je parle de leur acharnement vis-à-vis de notre culture. Là, je souligne également que les Algériens étaient à 93% de la population analphabètes. Enfin, le dernier, je l'ai consacré à la lutte du peuple pour son indépendance.» Là, déjà, on comprend bien qu'il s'agit d'un intellectuel algérien qui envoie une correspondance à un autre intellectuel français en lui parlant de la présence française en Algérie. «Après 132 ans de colonialisme, les Français ont tout bafoué. Ils ont violé notre religion qui était saine et correcte. Encore je ne m'attaque pas aux Français, mais je raconte à René, qui était contre ladite loi, ce que ses ancêtres ont fait en Algérie.» Alors, peut-on comprendre qu' à travers ce livre, l'auteur essaie de passer un message aux intellectuels algériens et français? «Certes, répond-il encore, René est un intellectuel. Il représente donc une certaine couche de la société française. Mais, lui, il a pris, comme je l'ai souligné, une position qui l'honore. Pour que les intellectuels français prennent des décisions saines, honnêtes, franches et sincères.» Toutefois, l'autre estime que l'avenir entre Alger et Paris doit être construit ensemble. Comme il le dit, les Algériens et les Français sont appelés à vivre ensemble. «C'est à eux de construire leur avenir», pour peu que l'histoire réelle soit restituée.