Entre Kamala Harris et Donald Trump, le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, va sûrement parier sur un retour du candidat républicain à la Maison-Blanche le 5 novembre, estiment des experts. Pendant sa campagne, le républicain s'est engagé à ce que Israël «ne soit plus menacé de destruction», affirmant que l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 n'aurait «jamais eu lieu» s'il avait été au pouvoir. Il a aussi encouragé le Premier ministre à bombarder les installations nucléaires iraniennes. Le retour au pouvoir de Trump, partisan d'une politique isolationniste, pourrait permettre à Netanyahu de poursuivre les guerres à Ghaza et au Liban comme il l'entend. Benjamin Netanyahu «prie pour une victoire de Trump qui, pense-t-il, lui donnera beaucoup plus de liberté de mouvement pour faire ce qu'il veut», dit Gidon Rahat, professeur de sciences politiques. L'analyste politique Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de Netanyahu, estime, lui, que le dirigeant extrémiste «serait prêt à prendre le risque de l'imprévisibilité de Trump». Plus largement, Netanyahu «a une très bonne relation avec les républicains (...), contrairement aux démocrates, qui lui ont mené la vie dure». En dix-sept ans de pouvoir, le Premier ministre sioniste n'a eu qu'un interlocuteur républicain à la Maison-Blanche, Donald Trump. Lors de son premier mandat, l'ancien Président avait déplacé l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnu la souveraineté d'Israël sur le Golan syrien occupé et convaincu deux pays arabes (Bahreïn et les Emirats arabes unis) de normaliser leurs relations diplomatiques avec l'entité sioniste. Trump a également vanté récemment ses discussions quasi quotidiennes avec Netanyahu, avec qui il assure avoir une «très bonne relation». Selon un sondage réalisé en septembre pour l'Institut israélien pour la politique étrangère régionale (Mitvim), 68% des sondés estimaient que Trump était le mieux placé pour protéger les intérêts du sionisme. La vice-présidente démocrate, Kamala Harris, n'a recueilli que 14% d'opinions favorables malgré ses déclarations sur son soutien indéfectible à Israël, à l'instar de celui du président sortant, Joe Biden, même si elle doit aussi compter sur les voix de la communauté arabe américaine, majoritairement pro-palestinienne, pour l'emporter. Mais il pourrait y avoir des surprises avec une nouvelle administration Trump, car le candidat s'est entouré de républicains «isolationnistes qui ne veulent plus que Washington soit le dirigeant du monde libre ou qu'il participe à des alliances internationales». Les Palestiniens voient l'élection américaine avec encore moins d'enthousiasme, estime Khalil Shikaki, professeur de sciences politiques à Ramallah, en Cisjordanie occupée. «Il va sans dire que les Palestiniens n'ont confiance dans aucun des deux candidats et qu'ils voient peu de différences entre eux», rappelle le directeur du Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages. Un haut responsable du Hamas, Taher Al-Nounou, affirme que «les administrations américaines successives ont toujours été partiales sur l'occupation israélienne et la considèrent comme faisant partie de leur projet dans la région». Le dirigeant du mouvement islamiste voit, lui aussi, «peu de différences» entre les deux candidats dans leurs relations avec Israël et «leur position concernant le peuple palestinien, ses droits et sa résistance». Sa vision est partagée par une partie de la population palestinienne.