Reconnaissance d'El Qods comme «capitale» d'Israël, soutien à la colonisation et à l'annexion en Cisjordanie occupée, bénédiction à l'annexion du Golan et parrainage de la «normalisation» des relations entre Israël et trois Etats arabes de moindre envergure, retrait de l'accord sur le nucléaire iranien: Donald Trump aura, indéniablement, marqué de son empreinte ultra-sioniste la région du Proche-Orient, au grand profit de l'Etat hébreu, conforté dans sa politique expansionniste. Après sa défaite électorale, le Premier ministre israélien Netanyahu a tenu à «le remercier», soulignant qu'il reste le «meilleur ami qu'Israël n'a jamais eu à la Maison- Blanche», portant la relation bilatérale «à des sommets inégalés». Et d'appeler le successeur de Trump, à «renforcer davantage cette relation», parce qu'il est «un grand ami d'Israël», «espèrant pouvoir, avec vous deux (Biden et sa colistière Kamala Harris), approfondir encore davantage l'alliance spéciale qui lie les Etats-Unis et Israël». En réalité, les Israéliens dans leur grande majorité auraient préféré la victoire de Trump. Ils craignent, en effet, l'émergence, au sein du parti démocrate, d'une nouvelle génération, jugée moins favorable, sinon hostile, à l'Etat hébreu, et un réajustement, avec Joe Biden, de la politique américaine face à l'Iran. Le gouvernement israélien avait accusé les élues démocrates Rashida Tlaib et Ilhan Omar de soutenir la campagne de boycott contre l'Etat sioniste pour sa politique d'annexion des territoires palestiniens occupés. Ils redoutent aussi la montée en puissance d'une «branche radicale» anti-israélienne au sein du parti démocrate dont ils cherchent encore à mesurer l'influence. Durant les mandats de Barack Obama, les relations américano-israéliennes se sont détériorées, notamment après l'accord sur le nucléaire iranien. Un des objectifs prioritaires de Joe Biden est de réintégrer cet accord et tempérer les relations tumultueuses avec l'Iran. En outre, la vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, proche du chef de file de la gauche du parti démocrate, Bernie Sanders, s'oppose fermement à «l'annexion» et à «l'expansion» des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Depuis septembre, trois Etats membres de la Ligue arabe, les Emirats, Bahreïn et le Soudan, ont «normalisé» leur relation avec Israël, sous le parrainage de l'administration Trump. Des accords qualifiés par les dirigeants palestiniens, l'Iran et la Turquie, notamment de «trahison», l'Algérie ayant déclaré par la voix du président Abdelmadjid Tebboune qu'elle «ne salue ni ne participe» à ces «normalisations», à contresens de la position commune adoptée par la Ligue arabe. A Ramallah, en Cisjordanie, et à Ghaza, l'espoir est grand de voir Joe Biden et son administration rétablir l'aide américaine dont celle à l'agence de l'ONU, l'UNRWA, des «sanctions» de Trump rejetées par les Palestiniens qui ont coupé les ponts avec Washington. L'heure n'est sans doute pas à un enthousiasme apparent mais nombreux sont les habitants de Ghaza et de Cisjordanie qui savourent au moins une chose, la défaite de Donald Trump et l'arrivée de Joe Biden, avec comme vice-présidente Kamala Harris. Tous deux «ont, désormais, une occasion de rattraper les erreurs de Trump», en revenant aux engagements internationaux et au respect du droit international», comme l'a souligné le président iranien Hassan Rohani. Plus largement, un mois avant la commémoration du 5ème anniversaire de l'Accord sur le climat, ses défenseurs espèrent, eux aussi, un retour du leadership américain sur la scène mondiale pour limiter les impacts dévastateurs du réchauffement raillé par Donald Trump dont un second mandat aurait été fatal à la planète.