Les prix de la tomate et de l'oignon connaîtront, l'année prochaine, le même scénario que celui de la pomme de terre, cette année. C'est ce que prévoit le secrétaire national de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa) M.Harnane Rabah qui est intervenu, hier, lors de la conférence organisée par l'Ugcaa sur les marchés des fruits et légumes. Ce dernier base ses pronostics sur des arguments solides et une forte connaissance du domaine. Cette année, il y a une surproduction de l'oignon et de la tomate au point que leurs prix ont chuté à un bas niveau. L'oignon est vendu à 5DA le kilo et la tomate à 13DA. Ce qui représente des pertes énormes pour les agriculteurs, lesquels n'arrivent même pas à récupérer le prix de la semence. Ces derniers vont prendre des précautions l'année prochaine, lors de la campagne de semence. «C'est le cas d'ailleurs de la pomme de terre en 2005 où nous avons enregistré une forte production», précise-t-il en ajoutant que des quantités importantes de pommes de terre ont été périmées, engendrant des pertes énormes aux agriculteurs. C'est ce qui explique la problématique de la flambée des prix de ce produit cette année. «On s'attendait sûrement que les prix allaient atteindre des seuils exorbitants», avoue-t-il. Devant l'absence de fonds de garantie des pertes et le manque de subventions qui soutiennent les agriculteurs, affirme-t-il, il est tout à fait normal qu'ils abandonnent le métier. Le plus drôle, souligne-t-il, c'est qu'on encourage plus le recours à l'importation que le développement de la production nationale. L'intervenant n'a pas mâché ses mots et a présenté un constat alarmant de la situation du secteur agricole actuellement. A cet effet, il a ouvert la parenthèse pour parler des fonds de subventions détournés. Alors que d'importantes enveloppes ont été dégagées pour subventionner les agriculteurs, ces derniers ont perçu seulement 20% de ces aides. Ce n'est pas tout. En plus des terrains agricoles, M.Harnane révèle qu'«un bon lot de chambres froides destinées aux paysans a été offert à des gens qui n'ont aucune relation avec l'agriculture». Revenant à la question des prix, le responsable reconnaît qu'il y a une anarchie totale dans la chaîne de distribution dont l'agriculteur et le consommateur sont les seules victimes. De son côté, le directeur du marché de gros de Khemis El Khechna, M.Omar Hafaf, s'est aligné sur les propos de son prédécesseur. Il est vrai que des lois et des arrêtés organisant la gestion des marchés de gros existent depuis 1994, mais le problème se pose, selon lui, dans l'application. Afin d'harmoniser les prix et réorganiser les marchés, ces textes, suggère t-il, doivent être adaptés immédiatement. Interrogé sur la possibilité d'exportation des produits agricoles, le président-directeur général de Foirex, M.Ramdane, dira qu'il est fort possible de le réaliser par l'intermédiaire de consultants internationaux. «Si seulement on avait assuré de bonnes conditions aux agriculteurs et inculqué la culture de l'exportation nos produits seraient largement commercialisés à l'extérieur», affirme le prèsident-directeur général qui déplore le manque de volonté à développer la production nationale. La preuve est là. Les agriculteurs n'ont jamais eu l'occasion de participer à des salons internationaux de l'agriculture et même les manifestations nationales du secteur sont rares. L'exportation des produits agricoles exige le renforcement des mesures d'encouragement, le contrôle de la qualité de la semence, le développement de l'emballage et du conditionnement des produits. Enfin et dans le but de promouvoir le secteur, l'Ugcaa va organiser un salon international de l'agriculture le 26 février 2007 à El Tarf.