L'Union nationale des paysans algériens (UNPA) estime que son absence sur le terrain est due à des « facteurs exogènes », n'hésitant pas de faire porter le chapeau au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. « Si l'UNPA est absente ces dernières années, c'est parce qu'elle est marginalisée », explique Rabah Harnane, secrétaire national au syndicat paysan. Profitant de la tribune que lui a offerte hier l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), le responsable syndical a ajouté que la « mise à l'écart » de son organisation s'est « inéluctablement » soldée par certaines « entraves » que connaît, selon lui, le monde agricole aujourd'hui. Et la vieille organisation (ndlr : l'UNPA a été créée sous l'ère Boumediène dans les années 1970) de souligner les « intentions de la bureaucratie » à vouloir substituer la Chambre nationale d'Agriculture (CNA) aux lieu et place de l'UNPA. L'UNPA qui dit ne pas contester l'existence de la CNA, indique que cette dernière n'est qu'une « machine bureaucratique » avec en prime des moyens colossaux offerts par la tutelle : « On nous refuse de siéger dans les commissions en rapport avec le Fonds national du développement agricole (FNDR), on ne nous permet pas d'être partie prenante dans la gestion des caisses de crédit agricole. En somme, le secteur agricole est aujourd'hui otage de la bureaucratie », accuse encore l'UNPA. Annonçant la tenue prochaine de son congrès, l'UNPA promet toutefois un redéploiement tous azimuts. « Les fellahs ont toujours besoin d'un syndicat fort et organisé. La base attend impatiemment le retour effectif de l'UNPA sur le terrain », a soutenu le responsable syndical. Lors de son intervention, Rabah Harnane a expliqué que les tensions subies par certains produits agricoles, notamment la pomme de terre, ne doivent en aucun cas être imputées à l'agriculteur. « Ce sont des spéculateurs véreux qui en sont responsables. Il y a aussi le fait que la tutelle ne s'est pas trop intéressée à la chaîne du froid. Les chambres froides devraient être gérées par les collectifs de producteurs et non pas par des individus qui n'ont rien à voir avec le monde agricole », relève l'UNPA, interpellant par ailleurs sur la « disparition effrénée » des terres agricoles. « Nous interpellons les pouvoirs publics pour qu'ils mettent en place des mécanismes à même de protéger à jamais les dernières poches vertes qui subsistent encore dans le Tell (nord du pays). Comment se fait-il que des domaines comme celui de Bouchaoui aient atterri dans les griffes de la spéculation foncière ? », s'élève l'UNPA, allusion au détournement de l'ex-domaine Borgeaud au profit de proches d'anciens dirigeants.