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Des promesses et des perspectives
70 années déja!
Publié dans L'Expression le 31 - 10 - 2024

La date du 1er Novembre 1954 compte parmi les plus glorieuses de l'histoire de l'Algérie. L'évènement majeur qu'elle a annoncé a fait l'objet d'une multitude d'écrits où l'approche descriptive côtoie l'approche explicative, tandis que la raison et la passion, l'histoire et la mémoire, se bousculent dans la relation des faits et l'interprétation des épisodes marquants. Epilogue d'une mutation lente et irréfrénable dont l'amorce se situe loin dans le passé, cet évènement aura eu pour effet d'ébranler l'une des plus grandes puissances coloniales et de redonner aux Algériens le statut de citoyens et de sujets de l'Histoire. Il a également accéléré le réveil des consciences chez les peuples opprimés. C'est dans son sillage qu'eut lieu en effet la conférence de Bandung (avril 1955) et que 98 pays ont accédé à l'indépendance entre 1955 et 1981, tandis qu'en 1974 l'Assemblée générale de l'ONU présidée par le MAE de l'Algérie a sanctionné la politique d'apartheid en suspendant l'Afrique du Sud.
La valeur du 1er Novembre 1954 est donc reconnue dans le monde entier, tandis que pour les Algériens cette date indique une direction vers un macrocosme d'éléments cardinaux que sont la justice, la liberté, l'égalité et un ordre sociétal démocratique que leur nation n'a connu durant sa longue histoire qu'à un niveau élémentaire qui est celui du village ou de la tribu. Comment un tel évènement est-il advenu? Comment le qualifier? Quels sont ses résultats? Et quelles pourraient être ses perspectives après 70 ans? Toutes les enquêtes et les analyses qui ont déferlé avant et après 1954 montrent qu'il ne s'agit pas d'un fruit du hasard.
Ses racines doctrinales plongent dans la pensée nationaliste qui a gagné l'Europe du XIXe siècle et que les élites des pays colonisés ont su adapter aux réalités de leurs nations respectives. Avec la Première Guerre mondiale (1914-1918) où ces pays ont fourni des centaines de milliers de soldats dont la plupart sont tombés sur les champs de bataille, un éveil des opprimés s'est produit, avivé par la position du président américain Wilson (1913-1921) en faveur d'un «règlement librement débattu» du problème colonial (février 1918). La puissance révolutionnaire de cette idée que lui inspira sans doute la Déclaration d'indépendance de son propre pays, sera aussitôt assumée par les nationalistes algériens qui y verront une disqualification claire par une puissance montante du droit de maintien de l'occupation étrangère. L'idée fera son chemin jusqu'aux massacres du 8 mai 1945, puis le soulèvement généralisé de 1954.
Guerre de libération ou Révolution?
Se pose alors la question de savoir s'il faut qualifier ce soulèvement de guerre de libération ou bien de Révolution. Selon Th. Bichelhoupt & consorts (1981), «une guerre de libération signifie «qu'un peuple se libère d'une oppression étrangère», alors que «par la révolution, il renverse un système politique qui ne lui convient plus». Ayant été confrontés aux deux réalités durant plusieurs générations, les Algériens ont relevé le redoutable défi de faire tout à la fois une guerre pour abolir l'ordre colonial en vigueur dans leur pays depuis 124 ans et une révolution pour fonder sur les décombres du système colonial une «république démocratique et sociale» où un homme nouveau, fondamentalement différent de l'indigène d'avant 1954, serait capable de prendre son destin en main. Tel fut en tout cas la double promesse de la Proclamation du 1er Novembre 1954 qui a mobilisé toutes les classes de la société. Celles-ci y ont puisé un idéal qui a intensifié leurs sentiments patriotiques. La première promesse a été tenue grâce à une lutte héroïque qui a conduit à l'indépendance (1962). Qu'en est-il de la seconde promesse consistant à donner à cette indépendance un contenu conforme aux aspirations du Mouvement national récapitulées dans ladite proclamation et dans la plate-forme de la Soummam (1956)?
À ce propos, les dirigeants se sont divisés en juin 1962 en raison d'une crise grave de leadership qui les a mis dans l'incapacité d'établir un système politique consensuel, alors même que son fondement idéologique a fait l'unanimité des participants au congrès de Tripoli (27 mai-30 juin 1962). Le choc de fortes personnalités, les rivalités et ambitions de pouvoir ainsi que, probablement, l'inexpérience des choses de l'Etat ont combiné leurs effets pour empêcher la mise en place d'un terreau constitutionnel légal dans lequel l'indépendance aurait aussitôt semé ses graines. La tentative faite par Ben Bella et ses partisans (1962-1965) ayant sombré dans le désordre, il fallait réorganiser tangiblement le régime nouveau issu de la guerre. Or, la seule force organisée capable de s'y atteler dans des circonstances périlleuses à l'intérieur et à la frontière ouest, était l'armée de libération. D'où son entrée en scène qui a conduit au pouvoir Houari Boumediene (19 juin 1965). Celui-ci se mit aussitôt à la tâche avec une abnégation peu commune. Il prit pour base de son action le programme adopté à Tripoli dont le but était d'effacer les séquelles de l'ordre colonial.
Ce dénouement ne peut être apprécié après coup qu'en le replaçant dans les contextes de cette période. Toujours est-il qu'au terme d'une douzaine d'années à peine (1965-1978), les structures d'un Etat moderne ont été établies et un élan énergique a été pris dans le sens du second engagement de 1954. À partir de 1979-80, et durant une quinzaine d'années (1980-1996), une mutation tumultueuse s'est produite qui a déconcentré le pays, lézardant son esprit, dispersant ses énergies, égarant ses élites, altérant son moral, désorganisant sa marche et, du coup, alourdissant sa marche et retardant sa progression. Les tentatives faites entre 1996 et 2024 pour le remettre d'aplomb sont à l'oeuvre. Dans ce cadre, les effets dudit engagement sont attendus par les nouvelles générations avec un espoir similaire à celui de leurs aînés d'il y a 70 ans. Aussi, la commémoration qui se déroule, aujourd'hui, dans toutes les régions est-elle d'abord une belle occasion de s'incliner avec respect et gratitude devant la mémoire des martyrs de l'Algérie. En tant que symbole, elle stimule la fierté des Algériens et leur attachement à leur nation.
Tirer les leçons du passé
Dans le même temps, c'est aussi une halte d'exception pour tirer les leçons du passé afin de corriger les fautes et les erreurs. C'est également un «à-propos» pour regarder devant, vers de nouveaux possibles et de nouvelles tâches inscrites dans l'esprit de Novembre et visant à replacer notre pays aux premières loges. 70 années! Presque trois générations. N'est-ce pas suffisant pour que l'on s'élève au- dessus de nos dérisoires empoignades et que l'on se donne de nouvelles perspectives dans un monde où les pays que nous dépassions, hier, nous prennent aujourd'hui de vitesse! Ces perspectives apparaissent à l'horizon des réponses à quatre questions:
1- Que représente aujourd'hui pour notre jeunesse Novembre 54?
2- Quel impact a-t-il sur nos politiques publiques?
3- A-t-il comblé les attentes qu'il a suscitées?
4- Ou bien les a-t-il déçues? Quoi qu'il en soit, l'énergie colossale libérée par cet événement voilà 70 ans, s'est démultipliée avec la démographie. Elle ne pourra être canalisée dans un sens créateur que si des réponses recevables sont données à ces questions.
* Membre du Conseil de la nation


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