Les pouvoirs publics connaissent une pression sans précédent : menaces de grèves, grèves, ultimatums. Du côté des syndicats, c'est le branle-bas de combat. Même l'UGTA n'est pas en reste avec un Sidi Saïd de plus en plus menaçant depuis le paraphe de l'accord d'association. Le ton est encore plus dur au sein des principaux syndicats - autonomes surtout - qui font montre d'un activisme débordant. Avec un pouvoir d'achat de plus en plus érodé, des catégories professionnelles, autrefois symboles de la classe moyenne, se retrouvent de plus en plus acculées dans une impasse. Secteur vital par excellence, la santé n'a pu échapper aux soubresauts du corps médical. Qu'ils soient praticiens généralistes ou spécialistes, ils ont eu à brandir à un moment ou à un autre les menaces du débrayage, voire du gel total de leur activité. Au risque de «pénaliser le malade» ou de le prendre en otage, selon une expression du Dr Aberkane, ils se sont, bien entendu, défendus d'avoir opté pour une telle éventualité, vu que leurs actions sont généralement «perlées». Eux-mêmes disent ne recourir à la solution extrême qu'une fois épuisées les autres voies. Ainsi, même si les généralistes «semblent» travailler aujour-d'hui, en fait ils n'ont fait que geler le mouvement de grève déjà déclenché ce mois-ci. Et ce sont les spécialistes qui, en ce moment, escomptent «la décision politique» du Pr Aberkane. Les membres du bureau national du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) ont été invités pas plus tard qu'hier à une réunion au ministère de la Santé. Une invitation qui vient après un préavis de grève décidée à l'unanimité par les blouses blanches et qui a pris effet le 3 février dernier. Ces spécialistes exigent l'adoption du statut 91-106 du corps de praticiens spécialistes de la santé publique à même de parfaire leur progression de carrière. Que dire alors du Cnes déjà en grève depuis le 9 du mois courant? L'action du Conseil national des enseignants du supérieur touche pratiquement les 53 établissements universitaires et quelque 2.000 enseignants à l'échelle nationale. Ce qui est un challenge pour tout syndicat autonome. Les revendications qui motivent leur mouvement sont la revalorisation des salaires de base, le régime indemnitaire, l'intronisation d'un statut spécifique de l'enseignant du supérieur, l'ouverture de postes budgétaires permanents et le respect des libertés syndicales. Pour l'heure, au bureau national du Cnes où l'on est décidé à continuer la grève, le Conseil national du syndicat évaluera les résultats demain à travers un programme d'action.