«Au-delà de la pénurie: pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau». C'est là un thème qui en dit long sur la situation mondiale de l'alimentation en eau potable analysée par un rapport mondial sans complaisance sur le développement humain 2006. Selon ce rapport, pour le moins alarmant, seul un habitant sur cinq des pays en développement, soit environ 1,1 milliard d'individus, n'a pas accès à l'eau potable et près de 2,6 milliards de personnes ne disposent d'aucun accès à un dispositif d'assainissement adapté, a révélé jeudi à Alger, M.Hadj Ahmed Baghdadi, expert et ancien secrétaire général du ministère des Ressources en eau. Il a précisé que la quantité minimale d'eau admise est d'environ 20 litres par jour et par personne, alors que ces pays se contentent de 5 l par jour et par personne. Ceci entraîne annuellement le décès d'environ «1,8 million d'enfants par la diarrhée et la perte de 43 millions de jours de scolarité, en raison de toutes les maladies véhiculées par l'eau». A ces paramètres humains, il faut ajouter, selon l'expert, «la dégradation de l'économie, due aux coûts liés aux dépenses de santé évaluées à 170 milliards de dollars, soit 2,6% du PIB des pays en développement». Le volumineux rapport onusien de 400 pages révèle aussi que 700 millions de personnes réparties sur 43 pays en développement vivent au-dessous du seuil de ce qu'on appelle désormais le stress hydrique, ce chiffre devant atteindre 3 milliards d'individus en 2025. Le rapport recommande en particulier, l'amélioration de l'efficacité et du rendement des installations, la révision des politiques tarifaires, relatives à cette précieuse denrée. Les pays sont appelés également à distinguer la réelle valeur de la rareté de l'eau, en rejetant des subventions pernicieuses qui encouragent l'utilisation excessive de l'eau. Par ailleurs, M.Baghdadi a indiqué que la correction des tendances actuelles mènera à la diminution des décès d'au moins 203.000 personnes en 2015, le gain de 272 millions de jours de scolarité et le bénéfice économique total de 28 milliards de dollars. Pour lui, développer les politiques intégrées de récupération de l'eau et de gestion des eaux souterraines englobant toutes les infrastructures demeure primordial. Il a en outre mis en évidence l'importance de promouvoir le développement, la distribution et l'adoption de technologies en faveur des pauvres.