En ces temps de sécheresse et d'aridité extrême pour certaines régions du globe, c'est sur l'accès à l'eau potable que le PNUD axe l'essentiel de son rapport publié le 9 novembre. Premier constat érigé en principe fondamental : tout homme doit bénéficier de l'accès direct à l'eau potable, introduit le rapport. D'ailleurs, l'absence d'accès à l'eau potable et de systèmes sanitaires est responsable de la mort de deux millions d'enfants par an, précisant que cela revient à environ 5000 décès par jour. C'est à ce titre que l'objectif du millénaire déterminé en 2000 vise à réduire de moitié le nombre de personnes qui sont privées d'eau potable d'ici 2015. Cela aboutirait également à sauver un million d'enfants pour les 10 prochaines années et de réduire le coût à 38 milliards de dollars par an, peut-on lire dans le rapport, car le stress hydrique a un coût pour les économies mondiales. En Afrique, il est gaspillé 5% du PIB du fait des carences constatées dans le secteur alors que les dépenses publiques de l'ensemble des Etats africains n'avoisinent pas les 0,5% du PIB dans le secteur des ressources hydriques. Le PNUD plaide pour l'accès à l'eau, mais il va plus loin puisque, selon le rapport, l'homme doit pouvoir disposer de 20 litres d'eau potable par jour. « Il y a de l'eau », selon l'administrateur du PNUD, Kermal Dervis. Le second point sur lequel le rapport insiste consiste dans les inégalités en matière d'accès à l'eau potable. En effet, hormis le fait que des millions de femmes traversent plusieurs kilomètres tous les jours pour accéder à un point d'eau et que, dans certaines localités, certains habitants de bidonvilles paient de cinq à dix fois plus cher leur eau que d'autres vivant dans des zones privilégiées, « les robinets fuient dans les pays riches et perdent plus d'eau chaque jour que la quantité dont disposent dans le même temps plus d'un milliard de personnes », reproduit le rapport. A titre d'exemple, il est souligné qu'en Europe on vit avec 200 litres d'eau par jour, tandis qu'un milliard d'individus n'ont pas du tout d'eau potable. La situation qui prévaut en Asie du Sud n'est pas plus reluisante. En effet, deux personnes sur trois ne bénéficient pas de toilettes. Une mauvaise coordination dans l'entraide humanitaire est relancée à travers le rapport du PNUD en rappelant qu'un plan d'action avait fait l'objet de beaucoup de bonne volonté, il y a trois ans, lors du sommet du G8, sans que cela ait pu être suivi d'actions manifestes dans ce sens. Sans complaisance, l'organisation relève la part de responsabilité des pays pauvres en soutenant qu'aucune manœuvre politique n'est venue soutenir les discours favorables à la recherche de solutions immédiates pour infléchir cette tendance meurtrière. Est-il nécessaire de rappeler que de nombreuses maladies telles que la diarrhée ou la typhoïde ont pour effet de tuer des milliers de personnes et pour origine l'absence d'eau potable ou leur insalubrité. Le rapport met l'accent sur le fait que « plus on est pauvre, plus l'eau est chère, notamment à cause des revendeurs. Les ménages les plus démunis de Jamaïque, du Nicaragua et du Salvador consacrent en moyenne 10 % de leurs revenus à l'eau. Au Royaume-Uni, un taux de 3 % du revenu des ménages consacré à l'eau est considéré comme un indicateur de pauvreté ». Peut-être parce que l'essentiel des préoccupations gouvernementales va à l'endroit de la sécurité nationale. Les 10 milliards préconisés par le PNUD pour atteindre les objectifs représentent « moins de cinq jours de dépenses militaires sur la planète », commente le rapport.