L'exercice «Raïs Hamidou 2006» se déroulera du 13 au 30 novembre en Méditerranée occidentale, dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale entre l'Algérie et la France. Des bâtiments des forces navales algériennes ont quitté, hier, la baie d'Alger pour la haute mer, où ils donneront le change à un détachement de la marine de guerre française, dans le cadre de la coopération militaire algéro- française. Réactivée depuis la visite de la ministre française de la Défense, Mme Alliot-Marie, la coopération entre les deux pays s'intensifie et s'alimente, du côté français, de cette intention américaine manifeste de «dégommer» l'influence de Paris dans la région. Lors de sa visite officielle en Algérie, en juillet 2004, Mme Michèle Alliot-Marie, avait lancé tout de go à Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités Locales: «Je suis venue parler de partenariat en matière de défense». En juin 2006, le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, s'était rendu à Paris où il s'est entretenu avec la ministre française de la Défense, sur invitation de cette dernière, afin de prendre part à l'exposition internationale des matériels de défense terrestre Eurosatory-2006, qui se déroulait en région parisienne. Les discussions avaient alors porté sur l'état actuel de la coopération militaire entre Alger et Paris et les perspectives de leur développement. Le site officiel des Forces navales françaises commente les manoeuvres en cours: L'exercice «Raïs Hamidou 2006» se déroulera du 13 au 30 novembre en Méditerranée occidentale, dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale entre l'Algérie et la France. Cet entraînement s'inscrit dans la dynamique générale de partenariat et d'amitié entre l'Algérie et la France. Il a pour but le développement de la coopération entre les deux marines dans les domaines de la surveillance et de la sécurité maritimes. Il devrait ainsi permettre aux deux forces navales de renforcer leurs connaissances mutuelles, et assurer l'aptitude de celles-ci à opérer ensemble pour répondre, le cas échéant, à une situation de crise maritime (trafic illicite, pollution, sinistre en mer). Le site précise que l'exercice sera dirigé conjointement depuis Toulon par des équipes composées de personnels algérien et français et comportera quatre phases: une première partie à quai à Toulon (conférences, ateliers, groupes de travail et briefings). Une seconde partie à la mer pour des entraînements entre Toulon et Oran, avec une escale dans ce port. La troisième phase se déroulera devant les côtes algériennes: conduite d'une opération aéro-maritime conjointe de recherche et d'interception d'un navire se livrant à un trafic illicite; et réalisation d'une opération de recherche et de secours en mer. L'exercice se terminera par un débriefing général et une escale à Alger. Cet exercice intervient juste après le départ du secrétaire américain adjoint à la Défense pour la sécurité internationale, Peter W.Rodman, qui a quitté Alger, après une visite de travail de trois jours et des contacts de haut rang avec l'état-major de l'armée algérienne. Ce qui semble inquiéter Paris, c'est de savoir que Rodman est un «spécialiste» du dossier français. Si l'on suit sa doctrine -car il en a une, comme tous les «faucons» de la Maison-Blanche-, qu'il développe depuis plusieurs années, les Etats-Unis doivent cesser de «gâter» la France, car la France, pour lui, n'a pas une politique européenne cohérente, ni une politique arabe et maghrébine originale, mais bel et bien une démarche résolument anti-américaine. Rodman qualifie la politique française carrément d'«anti-américaniste» et ne s'en cache pas pour le dire et l'écrire. Face à une politique menée sur deux axes: dans la région du Sahel et en mer Méditerranée, avec des arguments de taille -la «total war» qui fait encore recette auprès des responsables de la sécurité américains- aussi appuyés, Paris donne l'impression de perdre, de jour en jour, son influence dans ses «zones d'influence», notamment en Afrique sahélienne et subsaharienne, déficit qu'elle comble largement par une politique arabe mesurée et respectueuse des sentiments nationalistes et religieux du vaste univers arabo-musulman. Cependant, les enjeux liés à la Méditerranée sont d'une importance telle que Paris, dont la politique euro-méditerranéenne lui donne tout son ascendant sur les pays de l'Union, fera tout pour y maintenir longtemps ses flottilles.