La situation à la clinique de néphrologie ne cesse de se dégrader et le pire est à craindre. C'est ce que rapportent de nombreux malades et certaines sources proches du syndicat. Selon les membres de l'association des malades dialysés, la situation est «gravissime». Des dizaines de patients subissent «souffrances» et «vexations», à cause, affirment-ils, d'un directeur qui veut «imposer sa loi» sa propre loi en lieu et place des lois de la République. Selon nos interlocuteurs, il faut que la tutelle, dernière laquelle se cache ce responsable, réagisse au plus vite et ouvre carrément une enquête approfondie sur la gestion d'un établissement hospitalier spécialisé qui, disent-ils, va à la dérive. «Notre association est légale, mais c'est le directeur de l'hôpital, récemment parachuté, qui a tout fait pour salir notre réputation auprès des autorités locales. Nos vies sont certes, entre les mains de Dieu, mais elles dépendent aussi des machines. Nous n'avons aucun intérêt à mentir. La mort nous guette à chaque instant. Nous accusons le directeur de ‘‘non-assistance à personne en danger''. En principe, et sous d'autres cieux, c'est suffisant pour le mettre à la porte», déclare un des malades. «Un jour, j'ai été amené à faire une séance de dialyse en urgence. Le directeur en personne, m'a empêché d'accéder à la clinique. J'ai failli mourir. Et il a fallu que je fasse ma séance chez un privé à El Khroub. Selon la loi, le privé ne peut accueillir que des patients normaux; pas des cas d'urgence. Comment peut-on qualifier l'attitude du directeur? Je vous laisse le soin d'y répondre», poursuit ce malade. Selon toujours lui, les spécialistes devraient en toute urgence s'interroger sur ces «dizaines de décès» qui meurent tous «d'un arrêt cardiaque». L'allusion est trop grave pour que la tutelle reste indifférente. Selon un interlocuteur très au fait de la situation, le taux des décès est très élevé. On compte une «cinquantaine par an», dans les services de l'hôpital, mais aussi parmi les malades qui meurent chez eux, faute de bénéficier régulièrement d'une séance de dialyse. Selon le président de l'association des malades dialysés, il y a urgence à intervenir avant qu'il ne soit trop tard. «Il y a eu opération de greffe rénale qui a été faite sans agrément. D'ailleurs, le véritable enjeu dans le malaise que vit la clinique de Daksi réside dans le fait qu'on veut tout faire pour transférer définitivement la greffe rénale de Constantine à Annaba», déclare-t-il. Selon les membres de l'association, la clinique fonctionne avec un budget annuel de 35 milliards de dinars et les malades couchent par terre et manquent de tout. «Le directeur profite de son poste, disant avoir carte blanche de la tutelle et de la direction de la santé de Constantine. Il se sert, il mange de la viande quotidiennement alors que les malades en sont privés. Récemment, il est parti à El Meghaïr, quelque 300km de Constantine, à bord d'un véhicule de l'établissement. Ce qui est contraire à la réglementation; sauf s'il a un ordre de mission. La question est; qui lui a signé son ordre de mission? Le véhicule est actuellement immobilisé, suite à un accident de la circulation. Qui paye les dégâts, s'interroge-t-on?» Questionné dans ce contexte par nos soins, le directeur a rejeté toutes les accusations dont il fait l'objet et nous déclare: «Tout est normal, la situation au niveau de la clinique est stable, aucune contrainte n'est à signaler. J'accuse l'association des malades d'avoir utilisé les locaux offerts par l'hôpital comme un lieu de ´´débauche´´ et je les ai expulsés par un jugement de la chambre administrative. Je tiens à ce que la loi soit respectée.» Pour le véhicule, il a tout simplement dit: «Je suis autorisé, c'est mon droit le plus absolu.» Concernant les six agents qu'il a licenciés après qu'ils eurent exercé en tant que contractuels pendant au moins dix ans, il ajoutera «j'applique la loi» Semblant confiant, il a affirmé que l'agrément sera retiré à l'association des malades dialysés. Comment? pour quelles raisons? il ne le dit pas. Certains membres de l'association ne comprennent pas comment quelqu'un qui a été amené devant le juge et condamné pour fausse déclaration est chargé de diriger un établissement aussi important que la clinique Daksi? Selon eux, c'est une énigme que la tutelle doit résoudre. Peut-on encore lui faire confiance? Toute la question est là. A noter qu'une assemblée mixte des malades et du syndicat sera prochainement organisée dans ce contexte et dans le but de débattre sur le matériel défectueux récemment acquis.