Le gouvernement français ne tient plus qu'à un fil après la promesse de l'extrême droite, hier, de voter, sauf «miracle de dernière minute», la censure, à l'issue de semaines de négociations tendues autour du budget. Si la gauche et le Rassemblement national (RN), premier groupe à l'Assemblée, unissent leurs voix, le gouvernement minoritaire de centre-droit tombera. Ce serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement de Michel Barnier deviendrait alors le plus court de l'histoire de la Ve République. Cette chute provoquerait, selon l'Exécutif, une «tempête» économique et financière en France, deuxième économie de la zone euro mais cancre européen en matière de déficit budgétaire. L'éventualité d'une France sans gouvernement inquiète déjà les marchés. Son taux d'emprunt a dépassé brièvement, la semaine dernière, pour la première fois, celui de la Grèce, pays qui avait frôlé la faillite pendant la crise de la dette en zone euro. «Oui, c'est plié (...) Je suis contraint aujourd'hui d'annoncer la censure du gouvernement», a déclaré sur une radio le président du RN Jordan Bardella. Le RN votera une motion de censure avec la gauche pour faire chuter le gouvernement, «sauf évidemment, miracle de dernière minute, si Michel Barnier venait à revoir sa copie d'ici 15 h (14 h GMT). Mais j'ai peu d'espoir qu'il soit touché par la grâce», a déclaré Bardella. L'équipe gouvernementale avait été formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron début juin. L'Assemblée nationale se prononçait hier, à 15 h, en lecture définitive sur le budget de la Sécurité sociale. Faute de majorité, le gouvernement devrait annoncer son recours à l'article 49.3 de la Constitution pour tenter de faire adopter son texte sans vote. Cela ouvrirait la voie au dépôt d'une motion de censure, qui pourrait être votée mercredi ou jeudi. Après avoir obtenu que le gouvernement abandonne la hausse des taxes sur l'électricité et réduise l'aide médicale d'Etat pour les sans-papiers, le RN exige de nouvelles concessions, notamment sur la revalorisation des pensions de retraite ou un retour en arrière sur la baisse du remboursement de certains médicaments. Mais «le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin s'est exprimé, dimanche, en indiquant que le gouvernement n'entendait plus bouger», a constaté Bardella. Hier matin, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a toutefois affirmé que Michel Barnier «reste ouvert au dialogue». Le Premier ministre a indiqué, la semaine dernière, qu'il utiliserait «probablement, assurément» l'article 49.3. Mais il a encore la possibilité de ne pas y recourir. Le texte serait alors rejeté par les oppositions et repartirait pour une nouvelle navette parlementaire. «Michel Barnier gagnera quinze jours en réalité. Mais tout ça se terminera inévitablement par un 49.3, inévitablement», a prédit le vice-président du RN Sébastien Chenu. La France est lourdement endettée et le gouvernement veut faire voter de nombreuses mesures d'économie, très critiquées. La coalition gouvernementale est également divisée sur les hausses d'impôts. Avec un déficit public en net dérapage, attendu cette année à 6,2% du Produit intérieur brut, très loin du plafond de 3% autorisé par les règles de l'UE, la France affiche la pire performance des 27 pays de l'Union européenne.