Les alliés se sont rencontrés pour une formalité, mais qui en dit long sur leur intérêt de sauvegarder l'Alliance. Créée pour appliquer le programme du chef de l'Etat, l'Alliance présidentielle stratégique ne s'est manifestement pas suffi de cette mission d'abord législative, puisqu'il s'agit de voter les textes de lois qui consacrent les réformes engagées par le président. Et pour cause, non satisfaits de soutenir le président de la République, deux des formations de l'Alliance, à savoir le FLN et le MSP, ont tenté d'orienter le débat politique dans un sens qui ne cadre pas toujours avec le programme que les trois partis sont censés soutenir. En effet, que ce soit sur la question du code de la famille, celui de la réconciliation nationale ou encore celui de la nouvelle Constitution. L'on a vu les leaders «oser» des déclarations qui ne concordent pas du tout avec le programme du président de la République. L'ensemble des observateurs de la scène nationale y ont vu des «fissures» dans l'édifice de l'Alliance présidentielle. La tension est parfois arrivée à un niveau tel que l'on n'a pas donné cher de cette entité politique. Mise en place par les trois courants dominants, de la scène nationale, l'Alliance devait donner un maximum de lisibilité au discours présidentiel. Or, la réalité du terrain a montré des partis qui divergent sur bien des sujets et le font publiquement savoir. Il en est résulté, soit des débats que certains n'ont pas hésité de qualifier de stériles, parce qu'ils finissent en queue de poisson, soit une vive polémique qui prend fin avec l'arbitrage du président de la République, personnage autour duquel tourne toute la dynamique de l'Alliance présidentielle. Plus de deux ans après la naissance de l'Alliance, le chef de l'Etat a dû intervenir par deux fois pour faire taire «une guerre des mots» entre le MSP et le RND sur deux questions fondamentales de son programme. L'école et le statut de la femme ont effectivement, profondément divisé ces deux formations politiques. Et c'est, à chaque fois, en conseil des ministres que Bouteflika tranche la question. Les deux formations ont également «croisé le fer» sur la question de la réconciliation nationale. Alors que le parti islamiste y a vu une porte ouverte à la réhabilitation politique des dirigeants de l'ex-FIS, le parti de Ahmed Ouyahia a ouvertement critiqué ceux qui veulent donner une seconde vie aux islamistes radicaux. Il faut dire que si les trois formations politiques ont fait campagne en faveur de la réconciliation nationale, la définition qu'on en fait selon que l'on soit nationaliste, islamiste ou nationalo-démocrate a constitué un sujet de divergence au sein de cette même Alliance. Sur la question de la prolongation ou pas des délais d'application de la réconciliation nationale, le silence du président a «tué» le débat qui a soudain pris fin. L'autre question qui fait «débat» est bien entendu la nouvelle Constitution. Les trois partis ont pris, chacun une direction et, en fait de débat, l'opinion nationale a eu droit à une cacophonie qui s'est terminée par une toute petite déclaration du ministre de l'Intérieur qui a estimé les délais fixés par le chef de l'Etat pour la tenue du référendum, impossibles à respecter. Là aussi, le «débat» est, manifestement, de l'histoire ancienne... Hier, les alliés se sont rencontrés pour une formalité, mais qui en dit, tout de même long, sur l'intérêt pour le régime de sauvegarder une entité politique, même hétéroclite, mais néanmoins nécessaire au fonctionnement du pouvoir en Algérie. A force de «gestion» des crises qu'elle se créée elle-même, l'Alliance présidentielle stratégique a fini par convaincre les observateurs quant à sa solidité. Il devient, en effet, clair que le véritable enjeu est dans l'attitude des députés lors du vote des lois de la République. Sur cet aspect des choses, loi des finances compris, l'Alliance a fait un sans-faute. Et c'est pour cela qu'elle a été créée. Le reste c'est secondaire...