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«C'est le souci de la vérité qui m'importait»
LE COMEDIEN ROBINSON STEVENIN À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 14 - 11 - 2006

«Aujourd'hui, j'ai cette impression d'avoir participé à cette histoire, d'y avoir vécu en partageant des choses avec les Algériens.»
Fils du comédien, Jean-Francois Stévenin et frère de Sagamore et Salomé, enfant de la balle, Robinson Stévenin fait sa première apparition au cinéma à l'âge de 5 ans dans Double messieurs, réalisé par son père en 1986, puis enchaîne films et téléfilms durant son adolescence. Son allure frêle et son charme androgyne le poussent à interpréter des rôles plutôt intimistes, d'êtres sensibles et délicats. Il s'est fait remarquer notamment dans Mauvaises fréquentations de Jean-Pierre Améris, Mauvais genres de Francis Girod. Le premier personnage lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin en 2000, une récompense qu'il obtient en 2002, grâce au second. Aperçu chez Chéreau et Schroeter, il est choisi par Claude Miller pour incarner le fougueux cinéaste en herbe, épris de Ludivine Sagnier dans La Petite Lili en 2003.
Dans Mon colonel, (2006), premier film écrit et produit par Costa-Gavras, il interprète un rôle saisissant dans la peau de ce jeune lieutenant Rossy, déchu en pleine guerre d'Algérie en 1956 et tiraillé entre les exigences pas toujours «légales» de son métier qui le confrontent à la torture et sa foi en la justice. L'acteur confirme ici tout son talent de comédien et la force de sa maturité.
L'Expression: Quel est votre sentiment en tant que jeune Français en regardant ce film, nonobstant le fait que vous jouez dedans?
Robinson Stevenin: C'est bizarre mais, pendant le tournage, j'avais l'impression d'avoir vécu la même chose. J'ai l'impression d'avoir participé à l'histoire aujourd'hui. Quand je rencontre en France des gens qui ont vécu ce moment là, quelque part, quand je leur parle, j'ai l'impression d'avoir vécu la même histoire. Moi, j'ai vécu un mois de tournage, il y a 6 mois, eux, ils ont passé 3 ou 6 ans il y a 50 ans; eh bien, j'ai quand même l'impression d'y avoir été. On s'est quand même échangé des choses sur l'Algérie. C'est drôle, j'ai commencé à faire des films dès l'âge de 5 ans puis je me suis arrêté de tourner un peu parce que les choses qu'on me proposait ne m'intéressaient pas... Il n y avait pas cette vérité...Et là, quand on m'a proposé le scénario de Mon Colonel, je ne me suis pas posé de questions, sauf quand allons-nous commencer à tourner? C'est le souci de la vérité qui m'importait! Le fait de savoir si les gens qui ont vécu cette période là, n'auraient pas le sentiment que je me moque d'eux, que je leur montre ma propre histoire à moi...Le fait d'être venu ici, m'a énormément enrichi. Je voulais transmettre ce qu'ils ont vécu de la manière la plus vraie possible..
Votre personnage est très fort mais il se perd dans les méandres de la colonisation, mis sur le fait accompli de la torture. Comment vous mêmes percevez-vous ce rôle?
Il représente, en fait, un peu la jeunesse française qui arrive en Algérie sans savoir où elle va, pensant venir pacifier, ne sachant pas spécialement que c'est la guerre. Arrivé en 1956, il est pris dans un engrenage. Il y a le colonel qui expose sa vision des choses, et tout d'un coup, il a du sang sur les mains, pas suite à la torture mais par ce qu'une bombe explose sur une place et cela le plonge de manière épidermique, je dirais, dans le conflit. Pendant deux mois il ne voit rien, il patrouille dans le djebel sans la moindre rencontre avec les rebelles et tout d'un coup il voit des morts, des blessés. Là, l'idée d'obtenir des renseignements devient pour lui évidente, il n'a aucun problème à aller dans la direction que lui propose le colonel. A la différence de beaucoup de jeunes soldats français qui sont arrivés, lui, il est étudiant en droit, donc, il a une certaine éducation par rapport aux autres. A l'époque, les études on en faisait moins qu'aujourd'hui. Donc il avait une place privilégiée et, à peine arrivé dans le régiment, le colonel lui demande de délimiter sa marge de manoeuvre, en fonction des textes écrits par le gouvernement français. Il est un peu le traducteur et c'est une place très importante. Il est sous l'aile du colonel. Dans un premier temps, il veut bien faire, mais par la suite, il y a un peu comme une ivresse du pouvoir, pas celle de faire du mal à l'autre via la torture, parce qu'on voit bien qu'il en souffre aussi. Il a du mal à vivre avec tout ça et ne se demande qu'une chose: comment peut-il vivre avec.
Vous comprenez donc un peu la réaction ou position de ce lieutenant.
Oui. Je la comprends. (silence). A la base, il y a une première chose qu'il a fallu que je me sorte de la tête, c'est l'idée que les Français n'avaient rien à faire en Algérie. Ce qui est ma conviction en somme, mais le réalisateur Laurent Herbier m'a dit de faire attention car nous sommes en 1956, cela fait 130 ans que l'Algérie est française et il n'est pas question de se sentir ailleurs que chez soi, en Algérie. Donc, j'arrive en France, dans un département français. C'est normal que cette Algérie reste française puisqu'elle l'est. Toute l'ambiguïté, en plus de l'époque dans laquelle il vit, à laquelle il se trouve confronté, c'est de se demander si c'est une guerre ou pas, on rétablit la paix, on la maintient ou on fait la guerre? Il a envie de bien faire son travail d'avocat, en fait plus qu'en prenant partie, sur le fait de faire du mal ou pas. La bombe le pousse à réagir et à ne plus se poser de questions et il va à 100% dans la torture. Il en souffre mais se dit que cela doit passer par là, alors il le fait. Le colonel dit vouloir rendre justice par lui-même dans le début du film et après, il veut mettre en place un tribunal militaire, selon les règles militaires en temps de guerre. Le lieutenant dit qu'officiellement on n'est pas en guerre. Et l'idée d'abattre cette hypocrisie et de se dire: si on est en guerre et donc il faut se servir des armes...En fait, il veut se séparer d'avec le colonel quand il se rend compte que ce dernier veut rendre justice tout seul. Tout d'un coup, malgré lui, il met en place les exécutions sommaires. Pour aller contre le colonel, il refuse de mettre en place le tribunal, or les exécutions sommaires, sont illégales et il le signifie au colonel. Il n'en peut plus à ce moment-là.
La fin du film est ouverte. Le spectateur voudrait comprendre cette mort mystérieuse qui a emporté le lieutenant Rossy.
On s'est souvent posé la question sur l'identité de son assassin. Est-ce le colonel, l'a-t-on forcé à se suicider? A mon avis, il a été tué en opération par le capitaine Roger qui est l'exécutant direct du colonel. Ce dernier ne l'aurait pas tué dans le dos. Après, ils ont dû perdre son corps et puis, ils l'ont porté disparu, puisque il devient soudainement un traître et de par sa place privilégiée auprès du colonel - c'est ce que ressent le colonel en fait: qu'il y a un être humain, sous l'uniforme de ce lieutenant, qui veut bien faire le travail, qu'on lui demande de faire, mais l'être humain prime chez lui, il se méfie de lui. Il a peur parce qu'il voit qu'il en est un, assez candide, naïf et il parle avec quelqu'un qui s'avère être, après, un membre du FLN.


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