Près de 1,4 million d'articles contrefaits entrent annuellement dans le marché algérien via l'importation et plus de 50% des fabricants du cosmétique en Algérie, exercent dans l'informel. C'est ce qu'ont révélé des experts algériens et européens dans une étude réalisée conjointement sur le commerce informel, la contrefaçon et le droit de la concurrence. Ce constat très alarmant, en raison du danger que représentent ces produits non contrôlés, sur la santé des consommateurs, notamment pour ce qui concerne les maladies dermiques, ne reflète pas toutefois toute l'étendue du drame. En effet, la même enquête, tout en se gardant de donner des chiffres, indique que la contrefaçon touche également, l'industrie pharmaceutique où il a été constaté la commercialisation de médicaments et de vaccins ne répondant pas aux normes en vigueur dans le domaine. Aussi, outre le cosmétique, il a été relevé dans ce travail d'investigation qui a touché, à titre d'échantillon, les wilayas d'Alger, Oran, Djelfa et Blida, que les textiles, la pièce de rechange, l'agroalimentaire, l'électroménager et les logiciels informatiques, viennent en tête des produits touchés par la contrefaçon. Des produits contrefaits dont la quasi-majorité est importée de la Chine via les Emirats arabes unis qui s'ajoutent aux produits fabriqués localement ou introduits dans le marché national par la contrebande. Parmi les pratiques frauduleuses énumérées par les experts, on trouve la fausse facturation, l'approvisionnement en devises du marché parallèle, l'exportation informelle aux pays sahariens limitrophes permettant de payer la valeur de la marchandise non déclarée à la douane. Cela, en plus de la falsification des registres du commerce dont il n'est pas facile de vérifier l'authenticité ou la validité. Plusieurs moyens de lutte contre ce phénomène des plus nuisibles à l'économie, ont été proposés au ministère du Commerce par les experts ayant élaboré cette étude, faut-il le dire, à la demande du gouvernement algérien. Il s'agit de la création d'un PAN, (plan d'action national) de haut niveau, qui comprend entre autres points, la sensibilisation des consommateurs. Il s'agit aussi, de l'amélioration de l'arsenal juridique en durcissant les peines applicables aux contrevenants de la législation commerciale, de l'analyse des signes extérieurs de richesse et du contrôle strict des virements de fonds de compte à compte. Des moyens auxquels s'ajoutent d'autres actions allant dans le sens du perfectionnement des outils de travail, l'amélioration des techniques d'organisation et surtout l'élargissement du pouvoir des agents enquêteurs dans ce domaine. Par ailleurs, l'étude avertit, en cas de pérennité de la situation actuelle, que les conséquences seront catastrophiques sur tous les plans. Il est question, en particulier, de l'installation d'un contre-pouvoir illégal sur le plan politique et administratif et de la distanciation de l'économie nationale de ce qui se passe à travers le monde. Cela, sans compter les retombées désastreuses sur le plan sanitaire.