Les visites des officiels européens de haut rang se succèdent. Alger. Effervescence totale. Entre deux hurlements de sirène, le calme précaire est brisé par le son de cortèges diplomatiques. D'éminentes personnalités internationales débarquent, presque, chaque jour à Alger. Alger est-elle subitement devenue «attractive»? Oui, apparemment. Mais qu'est-ce qui les fait ainsi courir? Ou bien que veulent-ils ou qu'apportent-ils? Si durant la décennie noire, les puissances étrangères désertaient Alger, il en est autrement aujourd'hui. Les visites des officiels européens de haut rang, se succèdent. Après Sarkozy et Prodi, respectivement ministre français de l'Intérieur et président du Conseil italien, c'est au tour du ministre des Affaires étrangères allemand d'atterrir, hier, à l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger, en attendant la venue prochaine de Louis Amado, ministre portugais des Affaires étrangères. Si le plus souvent, les négociations se font à titre bilatéral, cela prouve que les rapports établis dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, ne sont pas assez efficients et/ou que les priorités de chacun des pays européens ne s'inscrivent pas dans la même optique. Pour preuve, le processus de Barcelone, censé concrétiser cette approche, semble se trouver en état d'engourdissement. Mis à part le dossier énergétique revêtant une importance stratégique pour l'ensemble du Vieux Continent, les questions liées à l'investissement et aux échanges commerciaux, ne font pas l'unanimité entre les membres de l'UE, si bien que chacun d'entre eux cherche à accaparer, indépendamment des autres, une ration du «gros et délicieux gâteau» représentant les 100 milliards de dollars de réserves de change algériennes et les grandioses projets lancés à travers tout le pays. La finance vaut la peine de dépêcher les officiels et de faire les yeux doux aux Algériens. D'autre part, l' engouement des Européens est tout à fait compréhensible, surtout si l'on tient compte du fait que Alger a développé des relations «privilégiées» avec des partenaires de grande envergure. L'affermissement des relations diplomatiques et économiques avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine, ont incité les Européens à revoir leur copie dans l'espoir de reconquérir le terrain perdu au cours des années 90, à l'exception de l'Italie. Il y a lieu de citer dans ce contexte, l'exemple des Chinois qui ont réussi à booster leurs échanges commerciaux avec l'Algérie de 75% en l'espace d'une année, de 2003 à 2004. La Chine vient de ce fait, en tête des «périls», menaçant les intérêts européens dans notre pays. Un fait qui devient plus grave encore, étant donné que l'Algérie est, géographiquement, au seuil du Vieux Continent tandis que la République de Mao Tse Toung, est à des dizaines de milliers de kilomètres. Aussi, l'état des lieux des relations algéro-russes inquiète au plus haut niveau, nos voisins du Nord, notamment après la conversion des dettes algériennes contractées avec l'ex-URSS, en un marché d'achat d'armements dont le montant a dépassé les 3,5 milliards de dollars. Un état des lieux devenu plus menaçant encore aux yeux des Européens, après la finalisation de l'accord de partenariat entre Sonatrach et le géant, Gazprom. Les Américains, de leur côté, bien implantés dans le secteur des hydrocarbures, se sont imposés, de surcroît, sur les plans sécuritaire et militaire comme un partenaire de choix. De ce fait, la stratégie adoptée par la diplomatie algérienne, qui a joué sur plusieurs fronts ces dernières années, semble réussir son entreprise basée sur la multiplication des partenaires. Une stratégie dont l'objectif primordial est de se prémunir d'une éventuelle dépendance d'un seul bloc. Et ce, dans une conjoncture de globalisation économique galopante marquée par une course effrénée entre les grandes puissances.