Grand patron de Khalifa Airways, une compagnie aérienne dont le vent en poupe a écorné tous les pronostics contraires à sa fulgurante ascension, le jeune Rafik Abdelmoumen Khalifa a reçu ce titre honorifique. Cette distinction lui a été décernée cette semaine à Bruxelles au cours de la conférence de l'Union européenne. C'est en tout cas le premier entrepreneur algérien qui est ainsi adoubé pour les performances enregistrées par son entreprise. Qui est Khalifa Abdelmoumen? Un homme de lettres? Non ! Un sociologue alors? Non plus ! A moins qu'il ne s'agisse d'un mathématicien dont on nous a caché la véritable vocation. Eh bien là non plus, nous avons été mal inspirés. Qui est-il en fin de compte? Un garçon doué de chair et d'intelligence que sa première vocation devait, après des études de pharmacie longues et fastidieuses, projeter dans le milieu ultraconcurrentiel de l'industrie pharmaceutique où d'ailleurs il fit quelques pas heureux dans l'importation et la distribution avant d'être appelé, un peu malgré lui, à prendre la suite de son père, Laroussi Khalifa, un ancien officier du Malg et ministre de l'Industrie et de l'Energie dans le premier gouvernement algérien de l'indépendance, à la tête de Khalifa Airways. Son père ne lui laissa aucune consigne particulière en mourant, il y a quelque quatre ans de cela. Selon des témoignages, le jeune Khalifa, âgé de trente ans à la mort de son père, n'était pas préparé pour assumer une mission qui se situe, pour le moins, aux antipodes du métier de pharmacien. Qu'à cela ne tienne! S'entourant de quelques gens du métier issus pour la plupart d'Air Algérie et certainement aussi de quelques spécialistes étrangers de l'aviation civile, il reprit les rênes que lui avait léguées son père en ne comptant que sur son intelligence et surtout sa pugnacité. Discret et d'une certaine manière secret, le P-DG de Khalifa Airways, qui vient d'être honoré à l'étranger, paraissait, au départ de sa nouvelle carrière, plutôt fragile et de dimension disproportionnée par rapport à la tâche qui lui échoit à la mort de son père... Pour le coup il s'avéra retors. Et, partant, tout à fait surprenant, quand, de l'aviation civile où sa compagnie en rodage passait toutes les phases de lancement avant d'atteindre les conditions optimales pour «voler de ses propres ailes», le jeune Abdelmoumen prenait option pour ouvrir un réseau bancaire au nom de Al Khalifa Bank. Sans doute qu'une banque peut, elle, plus que tout autre institution, mieux garantir aux yeux des fournisseurs l'achat de nouveaux appareils. Cultivant les meilleurs contacts qui soient avec la presse nationale et internationale, Rafik Abdelmoumen Khalifa entretient une image de marque de technocrate discret et peu disert. Finalement, c'est un homme peu connu du public. Mais grâce aux multiples effets de son action quotidienne, il donne l'impression d'être au centre de toutes les discussions. Il y a quelques mois, il étonna son monde en proposant de sponsoriser l'équipe de football que dirige Bernard Tapie à Marseille, après quoi on le crédita de l'intention d'introduire l'actif de son entreprise à la Bourse de Paris. Rappelons que cette distinction a été décernée en 1999 au ministre italien Renato Ruggiero, en sa qualité de directeur général de l'OMC, et en 2000 au directeur exécutif de l'ITC-Cnuced, l'ambassadeur Denis Belisle. L'image que nous renvoie le jeune Khalifa à la tête de ses entreprises, est, bien entendu, positive. Dans une économie de marché qui aurait le vent en poupe, des exemples de ce genre ne devraient pas être l'exception mais la règle. Abdelmoumen est bien le fils de son père!