Ségolène Royal a enlevé, haut la main, le droit de représenter les socialistes à l'élection présidentielle de 2007.. La députée socialiste française et présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a remporté, jeudi, les «primaires» du Parti socialiste français en gagnant le droit d'affronter, en mai 2007, le candidat de la droite - probablement Nicolas Sarkozy, actuel ministre de l'Intérieur - notamment, en vue d'une présidentielle qui pourrait voir, pour la première fois en France, l'intronisation d'une femme à la tête de l'Etat français. Mme Royal devient, en fait, la première Française à avoir des chances réelles à devenir présidente de la République française. La large victoire, que Ségolène Royal a obtenu, la met d'ores et déjà dans la trajectoire de 2007 et dans une position de force, lui permettant de se concentrer totalement sur la future campagne présidentielle qui sera loin d'être une sinécure. Commentant la «primaire» socialiste, le Premier secrétaire du PS français, François Hollande, dans le même temps compagnon de Mme Royal, a résumé le sentiment qui était jeudi celui des militants socialistes, en déclarant: «Ce sont tous les socialistes qui ont gagné.» Le vote, se félicite-t-il, a été «clair, transparent, ample quant à son résultat». Il fallait au moins cela pour permettre à la candidate socialiste de faire taire les divergences et de présenter un front uni autour de celle qui a été légitimée par le vote incontestable des militants. Ce qu'ont reconnu ses deux adversaires MM.Strauss-Kahn et Fabius qui ont appelé au «rassemblement». Réagissant à la victoire de sa concurrente, Dominique Strauss-Kahn, arrivé deuxième du vote des militants socialistes, a déclaré: «Elle a bien gagné, tout le monde sera derrière elle.» L'ancien ministre a ajouté: «Les socialistes ont une candidate et il faut gagner contre la droite». Le troisième candidat, l'ancien Premier ministre, Laurent Fabius, de son côté, par la voix de son directeur de campagne, Claude Bartolone, a dit: «Quand il y a un résultat comme celui-là, la responsabilité des socialistes est de (le) reconnaître» affirmant par ailleurs «maintenant, le travail de tous les socialistes est de se rassembler pour battre la droite». Le chemin vers l'Elysée ainsi dégagé, Ségolène Royal, forte du soutien sans ambiguïté des militants socialistes, peut désormais concentrer son attention sur les futures joutes à l'évidence plus difficiles consistant à battre le représentant de la droite, qui pourrait être Nicolas Sarkozy, avec lequel elle ferait jeu égal selon les sondages -ce qui donne une présidentielle très ouverte- ayant des chances réelles de l'emporter au second tour, ce qui n'était pas évident au cas où c'est MM.Strauss-Kahn ou Fabius qui aurait gagné les «primaires» socialistes. Mme Royal était, hier, surtout «heureuse» de sa victoire faisant part de son «bonheur». «Je mesure aussi le fait de recevoir cet élan, d'être choisie de cette façon-là. C'est quelque chose d'extraordinaire», a-t-elle déclaré depuis son fief de Melle, dans l'ouest de la France. Si Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn ont rapidement reconnu leur défaite et appelé au «rassemblement» des forces socialistes, il reste encore à Ségolène Royal de rallier à elle les caciques du Parti socialiste, à leur tête l'ancien Premier ministre, Lionel Jospin, ouvertement hostile à sa candidature pour la présidentielle française. Plusieurs fois ministre dans les gouvernements socialistes, Mme Royal est mère de quatre enfants. Contrairement à ses deux concurrents qui observaient l'orthodoxie socialiste, Mme Royal a innové en abordant de front, durant la campagne électorale, des sujets considérés comme inviolables dans son parti. Rompant donc avec la frilosité coutumière des socialistes, Mme Royal a débattu de questions de sociétés et de politiques, sa position étant jugé trop proche des positions défendues par la droite, notamment sur les thèmes de l'immigration et de la sécurité. En fait, Mme Royal n'hésite même pas à prendre comme modèle, le sulfureux Premier ministre britannique, Tony Blair, indiquant: «Cela ne me gêne pas d'afficher mon adhésion à certaines de ses idées (...) Il a donné à son pays un formidable coup d'accélérateur et de dynamique». Ségolène Royal a aussi affirmé: «Si je suis élue, je réunirai des jurys citoyens (...) Il faut aider les élus à évaluer leur politique» ou encore: «Le projet des socialistes, ce n'est pas le Petit livre rouge!» Comme quoi la candidate socialiste à la présidence française marque son territoire, a des idées et entend les défendre dans la futures campagne, allant jusqu'à infléchir la traditionnelle «ligne politique» du PS français. Ségolène Royal se présente comme une battante, pour le moment, partant placée, en attendant de remporter le jackpot.