Doualemn reste en rétention. Le juge des libertés et de la détention du tribunal judiciaire de Meaux (Seine-et-Marne) a décidé, hier, de maintenir cet influenceur au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne. « Un prolongement de 26 jours », a tranché le magistrat. Cette décision fait suite à une requête du préfet. Selon des avocats spécialisés intervenus sur les chaînes de télévision françaises, le magistrat avait trois options. « Soit il rejette la demande du préfet, estimant qu'il n'y a pas de perspectives raisonnables d'éloignement, l'Algérie ayant déjà refusé de le reprendre. Si l'on ne peut pas le ramener, il ne sert à rien de le priver de liberté administrativement. De même un vice de procédure aurait entraîné sa libération », expliquent ces hommes de droit. « La seconde option consistait à l'assigner à résidence. La troisième, qui a été retenue, était de répondre positivement à la demande du préfet et de prolonger la rétention de 26 jours, étant donné qu'il s'agissait de la première prolongation », ajoutent-ils. Le juge a donc tranché pour la dernière option. En attendant son procès prévu pour le 24 février prochain, il pourrait faire l'objet d'une première prolongation d'un mois. « Une seconde prolongation de 30 jours pourrait ensuite être prononcée par un juge, ainsi qu'une troisième puis une quatrième, de 15 jours chacune. Au total, 90 jours durant lesquels l'administration française doit prouver qu'elle a une chance d'obtenir l'autorisation de l'Algérie pour reprendre son ressortissant. Si l'Algérie ne délivre pas le précieux document d'ici là, il sera de facto libéré », soutiennent les mêmes avocats. Les trois possibilités En tout état de cause, Doualemn pourra au moins répondre de ses actes devant la justice française et aura la possibilité de se défendre. En revanche, en l'expulsant, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a tenté de le priver de ce droit fondamental. « Son expulsion précipitée et contestable l'a empêché de faire valoir ses droits tant devant les juridictions françaises qu'européennes. En conséquence, ce ressortissant n'a pu bénéficier d'un procès judiciaire en bonne et due forme, qui constitue un rempart contre l'abus de pouvoir, dans la mesure où son ordre d'expulsion, s'il avait été mené à son terme, l'aurait privé de la possibilité de défendre ses droits lors du procès prévu le 24 février », a expliqué le ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, dans un communiqué publié samedi dernier. « Par ailleurs, et en violation des dispositions pertinentes de la Convention consulaire algéro-française du 25 mai 1974, la partie française n'a pas cru devoir informer la partie algérienne, ni de l'arrestation, ni de la mise en garde à vue, ni de la détention, ni de l'expulsion du ressortissant en question. Bien plus, elle n'a pas donné suite à la demande de la partie algérienne d'exercer sa protection consulaire au profit du ressortissant concerné à travers le droit de visite », rappelle le ministère. « Au vu de ces dépassements et de ces violations des droits acquis par le ressortissant algérien sur le territoire français, la décision algérienne dans cette affaire est animée par le souci de lui permettre de répondre aux accusations portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d'un processus judiciaire juste et équitable sur le territoire français », conclut le texte. Un pilier de l'équipe de Macron démissionne Rien ne justifiait son expulsion du territoire français. «Son maintien sur le territoire ne représentait aucun risque », attestent ses avocats. D'autant plus qu'aucun placement sous contrôle judiciaire et qu'aucune demande auprès d'un juge des libertés en vue de son incarcération provisoire n'ont été formulés par le procureur de la République de Montpellier après son interpellation. L'homme était donc libre de ses mouvements, surtout que « l'enquête a démontré l'absence de tout appel au meurtre, de toute intention de tuer ou d'un quelconque comportement antisémite », selon ses avocats. Mais pris d'un excès de zèle ou dans une tentative de montrer ses muscles, Bruno Retailleau a bafoué les droits du prévenu et les lois de son pays. Cela a provoqué un « tollé » de l'autre côté de la Méditerranée. Les divisions commencent à se ressentir dans le clan Macron. Pilier de l'équipe du président de la République depuis mai 2019, Emmanuel Bonne a annoncé vendredi sa volonté de quitter l'Elysée. Les experts et les médias français lient ce départ au dernier dérapage du président Macron et de son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dernier est allé très loin, bafouant tous les principes diplomatiques en appelant à des sanctions contre l'Algérie, comme la réduction des visas et la suppression de l'aide au développement. Une surenchère médiatique, des décisions impulsives qui ont terni l'image de la France. Avec le refus d'accueillir le ressortissant algérien, que Paris a tenté de faire entrer sans respecter les accords consulaires entre les deux pays, Retailleau a « humilié » la France. C'est lui-même qui le dit. Ce départ d'un poids lourd du cabinet présidentiel témoigne de la faillite de Macron et de ses acolytes. Cette crise provoquée avec l'Algérie ne fait que ternir encore plus son image et divise la scène politique française…