Le silence du président du MSP s'apparentera à une non-assistance à peuple en danger. Et c'est reparti! Le débat, ou plutôt la polémique, sur la corruption en Algérie a été relancée entre le FLN et le MSP, deux principaux partis de l'Alliance présidentielle. Répondant aux propos que Bouguerra Soltani a tenu sur la corruption, le porte-parole du FLN, Saïd Bouhedja a mis au défi le président du MSP de rendre publics les listes et les noms qu'il affirme détenir. «Nous demandons à M.Soltani de rendre publiques les listes qu'il affirme détenir. Les Algériens sont en droit de connaître et d'identifier ces personnes qui volent, gaspillent et dilapident ses biens» a bravé hier, le porte-parole du parti majoritaire. Le porte-parole du FLN a laissé entendre que le silence du président du MSP en pareilles circonstances constitue en lui-même un fait grave: une non-assistance à peuple en danger. D'autant que M.Soltani est un ministre de la République. Plus encore: c'est un ministre d'Etat. Saïd Bouhedja a trouvé trop chaude la balle de M.Soltani pour la garder dans le camp du FLN. «Il y a des lois claires et précises et la lutte contre la corruption constitue un des axes centraux du programme du président de la République, un programme que le FLN soutient et défend», a appuyé M.Bouhedja qui s'exprimait hier, devant des journalistes sur l'état d'avancement du renouvellement des structures de son parti. Ainsi, il a pris au mot le président du MSP qui lui, a jeté un pavé dans la mare jeudi, en ravivant une polémique qui allait s'estomper. «Je plaide pour la levée de l'immunité qu'elle soit politique, diplomatique, militaire ou parlementaire, pour juger les corrupteurs où qu'ils soient, à commencer par le MSP s'il en existe», a lâché M.Soltani dans son discours prononcé lors de la deuxième rencontre nationale des structures de son mouvement. Le ministre d'Etat a déploré, dans le même discours, «l'absence d'une volonté politique pour la mise en application de l'arsenal juridique concernant la lutte contre la corruption». Plus «agressif», à l'endroit de ses alliés au gouvernement, le RND et surtout le FLN, le ministre enfonce le clou et révèle que «les véritables protagonistes de la corruption qui gangrène les institutions de la République sont bien protégés». Décidément, l'année 2006 est celle de la corruption. Remontons les faits: en juin de l'année 2005, le président de la République a invité le gouvernement à prendre les mesures qui s'imposent pour que «la détermination de l'Etat à lutter contre ce fléau des temps modernes soit concrétisée sur le terrain...». Un avant-projet de loi pour la lutte contre la corruption a été présenté pour adoption en séance plénière le 3 janvier 2006. Ce texte a suscité l'une des plus grandes polémiques de l'année 2006. Sur les 74 articles que compte le texte, seul l'article 7 a froissé les députés qui l'ont ainsi rejeté d'un revers de la main. Ils ont donc adopté, à la majorité, la loi contre la corruption mais ils ont veillé scrupuleusement à rejeter l'article 7 obligeant les parlementaires et les hauts fonctionnaires de l'Etat à déclarer leur patrimoine. Cet article entraîne ainsi la révocation des fonctions ou la déchéance de mandat électoral pour tout haut fonctionnaire ou élu qui n'aurait pas déposé sa déclaration de patrimoine dans les délais prévus. La polémique n'a pas fait long feu. Elle ne s'est estompée que vers l'été 2006 pour être relayée par des dossiers de corruption étalés sur la place publique. L'article 7 étant rejeté, l'Algérie ne disposait alors d'aucun texte pour prévenir l'enrichissement illicite. L'ordonnance promulguée par le président Liamine Zeroual en janvier 1997 relative à la déclaration de patrimoine, a été abrogée par les députés dans le cafouillage qui a suivi le rejet du fameux article 7. Il a fallu attendre le mois d'octobre 2006 pour combler ce vide grave. Le conseil de gouvernement a adopté un projet de décret présidentiel qui détermine les modalités de déclaration de patrimoine pour les directeurs généraux des entreprises, les directeurs centraux des ministères ainsi que des agents publics à différentes échelles de responsabilité, et autres agents publics, non contenues dans l'article 6 de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption. Mais ce n'est pas pour autant que le débat s'estompe et encore moins la corruption.