Entre les embouteillages, la pression de la police et la hausse du prix de l'essence, les chauffeurs de taxi voient rouge. «Les policiers nous font une véritable chasse», lâche ce chauffeur de taxi collectif desservant la ligne Audin-El Biar. Le nombre de P.-V. accablant ces transporteurs urbains a connu une nette hausse. «C'est parfois carrément un commissaire de police qui s'occupe d'épingler les taxis à Alger», poursuit notre interlocuteur qui avance le chiffre de stationnement plus de 300 P.-V. en moins d'une semaine. Depuis quelques jours, en effet, des policiers sont aux aguets le long de la rue Didouche-Mourad au niveau de la Fac centrale et aux abords du boulevard Mohamed V pour traquer les taxis qui oseront prendre des clients. «C'est trop!», s'exclame le chauffeur de taxi excédé avant d'appuyer: «Nous ne savons plus comment travailler. Ils tentent de nous parquer dans la station de taxis de la place Audin, mais je refuse qu'on m'impose une ligne plutôt qu'une autre.» D'ailleurs, «si ça continue ainsi, on va entamer un arrêt de travail illimité», avertit-il. L'Union nationale des exploitants de taxis a déjà déposé lundi un préavis de grève pour les 12 et 13 février et ce, pour protester contre la situation socioprofessionnelle de cette corporation. Dans son communiqué répercuté par l'APS, cette structure a précisé que cette décision a été prise à l'issue de la rencontre nationale qui s'est tenue dimanche dernier à Alger, pour débattre de plusieurs revendications relatives à la révision de la tarification, des taxes et de la réglementation régissant la profession ainsi que le Code de la route. Le communiqué «dénonce les agissements» de certains responsables et appelle à « la révision des relations avec la tutelle». Mais notre vis-à-vis ne se sent étrangement pas concerné par cette grève-là. «Nous n'avons pas un vrai syndicat», tranche-t-il. Selon lui, les représentants des chauffeurs de taxi n'ont pas réussi à imposer leurs revendications par manque de courage. «Mais nous, les taxis collectifs de cette ligne (Place Audin-El-Biar-Le Golf, ndlr.) nous pouvons nous mobiliser rapidement et efficacement puisque nous nous connaissons très bien». Alors, déficit de représentativité chez les taxis? Tout porte à le croire, à entendre les avis de plusieurs chauffeurs de taxis collectifs. Ce secteur connaît, en fait, une série de problèmes qui se répercutent inévitablement sur ses prestations de service. Il en résulte des situations abracadabrantes et complètement ridicules. Exemple: alors que la demande en taxis n'est jamais satisfaite que ce soit à Alger ou ses environs immédiats, la direction des transports a carrément bloqué toutes les demandes de licence pour ce simple motif: saturation du registre des licences de taxis. Des sources avancent même que ce n'est ici qu'une manière de garantir les conditions propices au démarrage d'une compagnie privée de taxis. Les prochains mois nous le diront. Pour en revenir aux causes d'abord de cette nouvelle campagne anti-taxis, il semblerait, selon les témoignages, de quelques chauffeurs de taxi d'Alger, que tout a commencé le jour de la rencontre entre l'Algérie et le Mali la semaine dernière. Un officier de police avait, ce jour-là, sévèrement sanctionné (P.-V. assorti d'une mise en fourrière) un chauffeur de taxi occupé à réparer son véhicule non loin de la Fac centrale.