La clientèle des chauffeurs de taxi compteur souffre jusqu'à présent de l'arbitraire qui prédomine dans le choix unilatéral de l'itinéraire établi par l'exploitant de la licence de transporteur public. A ce titre, le trajet est toujours lié à la seule volonté et à l'appréciation personnelle des chauffeurs de taxi. A vrai dire, tout le monde s'accorde à révéler que les familles, s'il en fut, illustrent une situation épouvantable et obsédante dans l'imaginaire d'une catégorie de chauffeurs de taxi. Dans ces conditions, le recours au recueil des subterfuges bat son plein : « Ce n'est pas sur mon chemin » ou « je ne suis plus de service » est mis à contribution pour exorciser le mal et éconduire, d'une manière peu chevaleresque les familles de leur itinéraire. Mais c'est surtout la confusion qui l'emporte, en ce moment, dans l'usage outrancier du « jumelage », en dépit de l'augmentation conséquente des tarifs. « La suppression du jumelage n'est pas pour demain. A priori lorsque le montant pour une course place Audin-El Biar, qui était estimé initialement à 25 DA, est évaluée, avec la nouvelle tarification, à 50 DA. Cette marge royale génère un filon pour ceux qui pratiquent le jumelage », nous dit un habitué de la ligne. L'autre anomalie au hit-parade hallucinant des égarements de la profession est entrée en action à la station de taxis de Bir Mourad Raïs, ou un chauffeur de taxi à compteur effectuait à son aise le remplissage de son habitacle au vu des agents de l'ordre public en charge de réglementer la circulation au carrefour de la même localité. « Le gel des conditions d'amélioration du service public proclamées en 2003 et qui devait accompagner la hausse du barème des prix est expressif de la gabegie qui prime maintenant. Par ailleurs, le mutisme qui entoure l'indiscipline et la transgression des interdictions présage, si besoin est, d'une issue triomphante du conflit qui opposait, dans un passé récent, les chauffeurs de taxi à la direction des transports de la wilaya d'Alger », nous a confié un fonctionnaire de la wilaya sous le sceau de l'anonymat. Manifestement, on peut supposer sans risque de se bercer d'illusions que nul ne viendra à bout de l'appétit insatiable qui s'est emparé subitement et sans préavis de quelques-uns des conducteurs de taxis en certains endroits névralgiques de la capitale. Pire, cela s'apparente à s'y méprendre à un jet d'éponge de l'autorité de régulation censée apporter pourtant les mesures coercitives. Dans l'état actuel des choses, la tendance contemporaine est au forfait pour les courses dites « hors zones ». Le cas de la station de taxis de la place du 1er Mai est symptomatique de la confusion environnante. Une longue succession de taxis donne l'impression d'espérer preneur, alors que de l'autre côté, des clients se querellent bec et ongles pour prétendre à une place cotée à 20 DA dans un taxi collectif. Renseignement pris, il s'avère que les chauffeurs de taxi compteur se déplacent moyennant un prix forfaitaire « coursa » (course) tacitement conclue avec le client, au lieu et place du trajet mesuré au taximètre. « Il me demande 800 DA pour une course à Dely Ibrahim », lance une dame à la cantonade. La formule « hors zone » est interprétée différemment que l'on soit derrière le volant ou sur le siège du passager. « Dans l'idée de ces messieurs, la zone en question se limite uniquement au centre-ville d'Alger. Ils occultent sciemment les communes situées à la périphérie d'Alger », nous a dit un passager. Hors zone ou forfait ! Le concept est en train de faire son bonhomme de chemin. La frilosité des orfèvres en la matière bat son plein, et c'est à croire que c'est toute la corporation qui s'aligne dès ce moment-ci, sur de nouvelles règles établies d'une manière unilatérale. A moins que...