La question qui s'impose est de savoir si les assurances du ministre sont en mesure d'apaiser les craintes des citoyens. Prudence, prévention et économie. Cela constitue, désormais, le slogan du département des Ressources en eau, confronté depuis quelques mois à une situation jugée «imprévue». Une réunion d'urgence qui s'est tenue récemment, avait pour objectif la mise en place d'une stratégie à même de gérer au mieux les aléas climatiques, fera savoir Abdelmalek Sellal, en déplacement, hier, dans la wilaya de M'sila. Interrogé sur les recommandations retenues afin de faire face à une aggravation de la situation, le ministre exclura d'emblée, les risques de pénurie dures du précieux liquide. Même s'il avance des statistiques de réserve «nettement meilleures» que celles de l'an dernier pendant la même période, le ministre reconnaît, néanmoins, qu'il existe une «insuffisance notoire» dans certaines régions. Il est question surtout de la zone ouest et la région du Grand Chellif. En termes de chiffres, les 19 barrages de l'Est sont à un taux estimé à 60%, tandis que les 10 autres barrages du centre du pays sont à 50%. La situation est nettement moins confortable pour la région ouest où les barrages ne sont remplis qu'à 27% seulement. Quant à ceux du Grand Chellif, le taux de remplissage ne dépasse pas les 20%. Le taux global actuel ne flirte même pas avec la barre des 45%, mais, faut-il le préciser, il est nettement meilleur que celui d'octobre 2005 qui n'a été que de l'ordre de 32%. Cela dit, en dépit d'une situation qui n'a pas encore atteint le seuil d'alerte, une nouvelle feuille de route a été recommandée. Il s'agit, entre autres mesures de prévention, d'imposer des restrictions sur la distribution de l'eau. D'après Abdelmalek Sellal, ces restrictions toucheront, notamment, le secteur de l'agriculture qui verra son quota réduit. Ce secteur consomme annuellement un taux qui avoisine 60 à 70% des eaux superficielles. Quant aux ménages, «les restrictions ne seront pas draconiennes, mais permettront une gestion et une économie de l'eau meilleures», explique le ministre. Ainsi, les quotas de prélèvement sur l'ensemble des barrages seront réduits de sorte à ce que le niveau de prévention soit maintenu jusqu'à octobre 2007. En d'autres termes, les réserves actuelles devront être gérées pour assurer une autonomie jusqu'à la fin de l'été 2007. Les réserves sont présentement à hauteur de 2,3 milliards de m3, alors qu'elles étaient de 1,8 milliard de m3 durant la même période de l'année 2005. Selon Sellal, le renforcement du système des forages viendra en apport supplémentaire, puisque «la nappe a été suffisamment rechargée durant le premier semestre de l'année en cours». La question qui s'impose est de savoir si les assurances du ministre sont en mesure d'apaiser les vives craintes des citoyens. Ces derniers ont encore en mémoire la très grave crise qui a touché l'ensemble du territoire national en 2001. La pénurie d'eau a conduit l'Etat à adopter un plan d'urgence, aux fins de faire face à une situation tellement critique que l'on a même penser à importer de l'eau. Le fameux plan d'urgence a permis une gestion presque correcte de la crise qui a même amené le ministre de l'Intérieur à suivre les réalisations des projets de forage et autres installations de petites unités de dessalement d'eau de mer. La grande sécheresse de 2001 a conforté le chef de l'Etat dans ses actions en direction de ce secteur précisément. Ainsi, dans le premier plan de soutien à la croissance économique, une enveloppe conséquente a été réservée à la réalisation de plus d'une dizaines de barrages et des usines de dessalement d'eau de mer d'une capacité de plus de 100.000m3. L'Algérie a connu quelques années de bonne pluviosité, mais cela n'a pas empêché le plan arrêté par les pouvoirs publics de suivre son cours. Aujourd'hui, le pays est face à une autre période tout aussi difficile, mais il semble disposer de plus de moyens pour y faire face. Mais le supplément en termes de mobilisation de l'eau, n'est manifestement pas suffisant pour permettre de passer la crise sans que le citoyen n'en pâtisse. Des restrictions sont donc un passage obligé, en attendant la réalisation des grands projets hydrauliques prévus pour les prochaines années.