Outre le risque de maladies multiples, les citoyens sont quotidiennement contraints de respirer les mauvaises odeurs. Les décharges publiques sur le territoire des communes de Béjaïa sont incalculables. Elles sont si nombreuses qu'elles défigurent et polluent le paysage de toute la région. Il va sans dire qu'elles sont souvent à l'origine de désagréments divers causés à l'endroit des populations. Outre l'odeur nauséabonde et le risque de maladies multiples, les citoyens sont contraints de respirer des fumées qui s'y dégagent quotidiennement. La gestion des déchets reste, pour ainsi dire, problématique un peu partout. A chacune des sessions de l'assemblée populaire de wilaya, le problème ne manque pas d'être soulevé. A chaque fois, des solutions, fiables ou pas, sont avancées sans pour autant que la situation ne change. Elle n'en finit pas en fait de se dégrader à telle enseigne que cela paraît étrange. Etrange d'autant plus que les solutions proposées sont non seulement dépassées mais aussi rejetées par les citoyens. A Sidi Aïch, le centre d'enfouissement proposé pour recevoir les déchets ménagers de plusieurs communes s'est heurté à une forte opposition citoyenne. Le maire a dû batailler en fin de compte pour éliminer la décharge à l'entrée de la ville par un coup de force. Entendre par là une bataille sans merci contre les pollueurs, qui, en dépit de la mise en place de barrières, continuaient à déverser leurs poubelles sans se soucier aucunement. Dans les communes rurales, les petites décharges publiques sont légion. Presque chaque village en est pourvu d'une ou deux. Dans ces localités, l'organisation villageoise se charge fort heureusement, de l'incinération régulière. Récemment, un conflit a éclaté entre la commune de Souk Oufella et celle de Chemini autour, justement, d'une décharge publique. Lorsque la première avait décidé d'interdire à la seconde de jeter ses ordures sur son territoire, le maire de Chemini a réagi par une coupure de l'eau potable qui prend source à partir de son propre territoire. Du tac au tac, qui n'a trouvé de solution qu'après l'intervention de l'opposition au sein de l'assemblée de Chemini pour remettre les choses en leur état initial. Quant au ramassage d'ordures par les services publics, on n'en est pas encore là. Les 14 communes qui longent les deux rives de la Soummam ne s'embarrassent pas de leurs ordures, faisant de cette rivière, un réceptacle grandeur nature. Sur la côte ouest de la wilaya, la commune d'Aokas n'arrive pas à dénicher un emplacement adéquat pour recevoir une décharge publique, les autorités communales ont été amenées alors à l'implanter au niveau de la plage Sidi Rihane. En dépit de la proximité de cette décharge avec la zone touristique et le centre-ville, les services concernés recourent à l'incinération des déchets sans procéder au tri des ordures toxiques, plus que nuisibles pour la santé publique. Même constat à Tichy où les autorités locales ont été contraintes de créer un lieu de décharge au milieu d'une forêt de chêne-liège, qui n'est autre qu'un terrain non aménagé et non loin d'une grande agglomération de plus de 6000 âmes. Outre les émanations qui se dégagent de l'opération d'incinération et qui affectent les villages environnants, ces décharges sauvages peuvent donner lieu aux départs d'incendies et aux risques de contamination de la nappe phréatique. Plus loin, d'autres communes jettent leurs déchets tout simplement dans l'oued Agrioune qui les traverse et les crues se chargent de les charrier jusqu'à la mer. La gestion des déchets ménagers reste donc un casse-tête chinois pour les autorités locales. Ces dernières, quoi qu'elles fassent, sont loin de pouvoir atténuer, un tant soit peu, les effets néfastes de ces décharges, autant sur la santé des citoyens que sur l'environnement.