Les Français sont-ils «complexés» vis-à-vis de leur passé colonial ? Cela semble être le cas de bon nombre de personnalités médiatiques et politiques à chaque fois qu'on évoque un funeste épisode de cette triste période coloniale française en Algérie. Jean-Michel Aphatie, par ses récentes déclarations, a une nouvelle fois fait l'objet d'une vive polémique, notamment en raison de ses propos sur la colonisation française en Algérie. En affirmant que «la France a fait des centaines d'Oradour-sur-Glane en Algérie», il n'a pas seulement comparé les exactions commises par l'armée française aux atrocités nazies, mais a aussi mis en lumière une réalité souvent occultée du passé colonial français. Les enfumades de la Dahra sont pourtant des faits mentionnés, étudiés et reconnus par les historiens des deux rives. C'est une réalité historique indéniable. En effet, les massacres et atrocités commis par l'armée française en Algérie sont d'une ampleur inouïe et ne doivent pas être minimisés. Parmi ces actes, les enfumades de Sbéha, du 11 juin 1844, et celles de la Dahra, le 18 juin 1845, commises par les tristement célèbres général Bugeaud et Cavaignac, demeurent un symbole tragique des violences infligées aux populations algériennes. Plusieurs centaines de villageois ont trouvé la mort, asphyxiés dans des grottes où ils s'étaient réfugiés après avoir été encerclés par l'armée française. De véritables crimes contre l'humanité. Ces méthodes de répression, à la fois brutales et inhumaines, rappellent les tactiques d'anéantissement systématique utilisées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, comme l'attaque du village d'Oradour-sur-Glane un siècle après, en 1944, où 643 innocents ont été massacrés par la Waffen-SS, évoquée par Jean-Michel Apathie. Si ces deux événements n'ont évidemment pas les mêmes causes, la logique de destruction des populations est, elle, semblable dans les deux cas. Le parallèle que Jean-Michel Aphatie fait entre l'attitude de la France en Algérie et celle des nazis dans des territoires occupés soulève un tollé dans les milieux médiatiques et politiques. Par ignorance ou par déni de l'histoire, ces réactionnaires ne mâchent pas leurs mots pour dénigrer le journaliste et chroniqueur. Cependant, ces réactions soulèvent un débat crucial : comment la France peut-elle faire face à son histoire coloniale, et comment concilier les mémoires des victimes de ces exactions ? Loin de chercher à excuser les crimes nazis, Aphatie met en lumière une réalité gênante pour la mémoire collective française, celle d'un empire colonial qui a utilisé des méthodes de répression et de torture dignes des pires régimes totalitaires. Les polémiques suscitées par ses propos ne doivent pas détourner l'attention de cette question fondamentale : la France a-t-elle véritablement pris toute la mesure de son passé colonial et des crimes qui ont été commis au nom de l'Empire ? La mémoire de ces atrocités, comme celle de l'enfumade de la Dahra, reste souvent sous silence, ou à peine abordée dans les manuels d'histoire. Pourtant, le devoir de mémoire imposerait de regarder ces événements en face, de les analyser et d'en tirer des leçons. En mettant en lumière les crimes de l'armée française, Aphatie, loin d'être dans la provocation gratuite, a ainsi le mérite de poser une question essentielle : jusqu'à quand la France continuera-t-elle à minimiser son histoire coloniale, à ignorer les souffrances infligées aux Algériens et à défendre une vision trop édulcorée de son passé ? Le journaliste a, de cette manière, rappelé l'urgence d'un débat national sur la reconnaissance de ces injustices et le besoin de réconcilier les mémoires pour permettre un véritable travail de réparation. Ce qui, visiblement, met dans une situation très gênante le clan de l'extrême droite et ses relais médiatiques, à l'image du clownesque Hannouna et consorts. Ces derniers mènent, depuis quelques mois, une guerre médiatique sans merci contre l'Algérie.