Cheikh Ben Badis, Cheikh El Ibrahim et Mohamed Boudiaf ont tous fait une halte dans ce lieu de culte. Edifiée en 1894, El Attik, la première mosquée de la ville de Bordj Bou Arreridj, une merveille de l'architecture ottomane, située au centre de la ville sera fermée pour au moins deux ans, afin de subir une restauration complète après avoir accueilli toutes les personnalités religieuses et politiques de l'époque, notamment les membres de l'association des Oulémas algériens, présidée par cheikh Ben Badis et servi de lieu de prière pendant 112 ans à tous les fidèles de la région des Bibans et de rencontre à l'époque coloniale, des révolutionnaires venus des régions de la Hodna, de la Kabylie et bien d'autres contrées lointaines. «Cheikh Ben Badis, lors de ses passages à Bordj Bou-Arreridj, faisait ses prières et tenait des halakate dans cette mosquée alors que Cheikh El-Ibrahimi, natif de la région de Ras El-Oued faisait des visites courantes avec ses compagnons de l'association des Oulémas, sans oublier le grand moudjahid et ex-président de la République, feu Mohamed Boudiaf qui, dans les années 40, du temps où il travaillait dans l'administration coloniale des impôts, venait à la mosquée El-Attik pour méditer et prier» ont souligné les membres de l'association, attestant, documents à l'appui, que de grands imams ont dirigé la prière du vendredi comme Abou Hafs Zemmouri ou encore feu cheikh El Ahmadi Nouiouat qui fut l'un des premiers éminents professeurs de la grammaire arabe à donner des cours dans cette mosquée dans les années 30 et 40. Depuis quelques jours, une rumeur sournoise circulait dans la ville de Bordj Bou-Arreridj concernant la destruction de ce vestige religieux. Rumeur infondée. Les autorités, après un constat technique de sa dégradation, ont décidé sa reconstruction et son embellissement. Pour le wali, cette antique mosquée va être réédifiée avec de nouvelles données techniques et architecturales dignes du symbole religieux qu'elle véhicule dans la région des Bibans et de l'est algérien comme «je sais qu'elle tient une place particulière dans les coeurs des Bordjiens» a-t-il déclaré. Par ailleurs, le chef de l'exécutif a annoncé la rénovation de plusieurs mosquées, tout comme les zaouïas implantées dans la wilaya: «Soyez rassurés, la mosquée d'El-Attik gardera son architecture originelle, avec des embellissements et des rénovations dignes de ce haut lieu de culte qui a su résister à la marche inexorable du temps». Les anciens Bordjiens se remémorent les imams de cette mosquée, qui, du temps de l'époque coloniale, «arrangeaient bien des affaires familiales avec les curés de l'unique église de la ville, d'ailleurs située juste à proximité de la mosquée». L'on disait bien à Bordj Bou Arreridj que l'imam de la mosquée était l'ami du curé de l'église puisqu'ils partageaient parfois la même assiette de couscous, lors des fêtes religieuses musulmanes et chrétiennes, attestant de l'esprit de tolérance religieux, de respect mutuel, créant des us et coutumes purement bordjiennes. Cette mosquée ne sera donc pas rasée, mais restaurée.