La France refuse d'extrader l'ancien ministre algérien de l'Industrie Abdeslam Bouchouareb, accusé dans plusieurs affaires de corruption ayant causé d'énormes pertes pour le Trésor public. L'Algérie avait introduit six demandes d'extradition de l'ex-ministre depuis deux ans qui se sont toutes soldées par un refus de la part de la justice française. La chambre d'instruction de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a rendu son verdict final dans cette affaire ce jeudi, confirmant de manière définitive ce refus. Cette décision a fait réagir le MAE algérien qui dit avoir «pris acte de la décision de la justice française d'opposer une fin de non-recevoir à la demande d'extradition d'Abdeslam Bouchouareb, condamné par la justice algérienne dans de multiples affaires de corruption, de malversation et de trafic d'influence causant au Trésor algérien des pertes considérables», rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Sans préjudice du recours à d'autres voies de droit encore possibles, le gouvernement algérien saisit cette occasion pour relever l'absence totale de coopération du gouvernement français en matière d'entraide judiciaire, en dépit de l'existence de nombreux instruments juridiques internationaux et bilatéraux prévus à cette fin», précise-t-on. L'Algérie se pose des questions sur l'attitude curieuse de la France qui refuse systématiquement de coopérer avec l'Algérie, spécialement dans ces dossiers de corruption impliquant de très hauts ex-responsables et qui, curieusement, trouvent refuge et protection spécialement en France. «Dans le cadre de ses efforts visant à récupérer toutes les richesses dont elle a été spoliée, l'Algérie s'est systématiquement heurtée, et se heurte toujours, à des tergiversations et à des atermoiements injustifiés et inexplicables de la partie française qui ont abouti à une absence totale de réponse à vingt-cinq commissions rogatoires introduites par l'Algérie», se désole-t-on. À noter que Bouchouareb est cité, durant son long parcours dans les rouages de l'Etat, dans plusieurs affaires de corruption, telles que l'affaire Khalifa Bank et Panama Papers. Il a fui l'Algérie pendant le soulèvement populaire du Hirak pour se réfugier en France, où il se permet une vie luxurieuse dans des maisons de luxe achetées dans les quartiers huppés de Paris ou dans les provinces bourgeoises. La justice algérienne, qui le réclame depuis 2023, l'a condamné à cinq reprises à 20 ans de prison ferme, dans cinq affaires de corruption distinctes, réclamant son extradition vers l'Algérie. Mais la justice française refuse catégoriquement de le livrer à l'Algérie. Ce qui rend encore l'attitude de la France problématique dans ce dossier de corruption tient au fait que c'est le seul pays européen qui s'entête à le faire. «Cette attitude française se singularise par rapport à celles d'autres partenaires européens qui coopèrent de manière sincère, loyale et sans arrière-pensée avec les autorités algériennes sur ce dossier des biens mal acquis dont ils connaissent la sensibilité extrême pour l'Algérie», note le communiqué du ministère des Affaires étrangères. Par ailleurs, ce refus survient au milieu d'une crise diplomatique et politique qui plombe les liens entre les deux pays. Le motif de ce refus signifié par la justice française semble assez peu convainquant. La décision du juge est motivée, selon l'APF qui rapporte l'information, par «les conséquences d'une gravité exceptionnelle» que pourrait avoir l'extradition de l'ex-ministre en raison de son âge (72 ans) et de son état de santé.