Le cauchemar est-il terminé pour autant? Difficile de l'affirmer. Les prix du pétrole sont, en effet, tombés, hier en cours d'échanges à leur plus bas niveau depuis quatre ans et la pandémie de Covid-19. Les cours de l'or noir se retrouvent plombés par les anticipations d'un ralentissement de la croissance mondiale qui va probablement impacter la demande de brut. Principal acteur de ce scénario qui a surpris et ébranlé le marché pétrolier: l'imposition de droits de douane massifs sur les produits importés aux Etats-Unis, décidée par le président américain Donald Trump. Cette offensive protectionniste de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, est caractérisée par un droit de douane généralisé d'au moins 10% sur toutes les importations depuis le 5 avril, alors que des majorations sont prévues à partir de demain pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale. En plus de ce coup de massue, les prix du pétrole ont dû subir le «choc» de l'annonce de huit pays de l'Opep+ qui ont décidé d'ajuster leur production pétrolière, avec une hausse de 411000 barils par jour au cours du mois de mai prochain. Cette décision, prise lors d'une réunion tenue le 3 avril par visioconférence avait regroupé huit pays de l'Opep+ qui appliquent des ajustements volontaires de production depuis avril 2023, à savoir l'Algérie, le royaume d'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan et le Sultanat d'Oman. Le verdict est sans appel. Les experts l'attestent. Le pétrole s'incline «sous l'effet conjugué de l'augmentation des droits de douane, qui a abaissé les perspectives de demande de pétrole», et de l'accélération de la réouverture des vannes par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), soulignent les analystes de DNB. Le baril de Brent de la mer du nord pour livraison en juin chutait de 1,37 dollars à 64,21 dollars, hier vers 14h30, après être tombé à 62,51 dollars, au plus bas depuis avril 2021. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison en mai, reculait, de son côté, de 1,35 dollar pour s'échanger à 60,64 dollars après avoir également touché un niveau plus bas depuis avril 2021, à 58,95 dollars. Y a-t-il un espoir de voir le président américain revenir à de meilleures dispositions? Pas question vraisemblablement. Donald Trump serait resté inflexible dimanche, concernant son offensive douanière lancée mercredi. Cette dernière prévoit un droit de douane plancher supplémentaire de 10% et des majorations pour certains pays, comme par exemple 20% de taxes pour l'Union européenne, mais surtout la Chine, premier importateur de pétrole mondial, désormais visée par 34% de taxes qui s'ajoutent aux surtaxes qu'elle subissait déjà. Décidée à ne pas subir sans réagir, Pékin va imposer des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril. Une guerre commerciale déclarée, qui va probablement, sévèrement, impacter les prix du pétrole. «L'industrie manufacturière et le commerce, qui sont des secteurs énergivores de la croissance économique, seront les plus durement touchés», et, «par conséquent, les carburants industriels tels que les matières premières pétrochimiques, le gazole et le fioul, subiront l'impact le plus négatif», estiment les experts de DNB. Les Bourses mondiales s'affolent. De nombreux analystes évoquent le krach de 1987 et la crise de 2008. La Bourse de New York a ouvert en fort recul hier, d'environ 3%, chutant, comme la majorité des Bourses mondiales. Le CAC 40 a ouvert en baisse de plus de 6%, le DAX lâchait plus de 8% dans les premiers échanges, avant de se reprendre un peu. La semaine dernière déjà, les Bourses de Francfort et de Paris avaient lâché plus de 8%. En Asie, la baisse est encore plus marquée avec un effondrement de près de 8% du Nikkei à Tokyo et à Hong Kong qui a dégringolé de plus de 13,7%. Le locataire de la Maison-Blanche ne mesurait visiblement pas la tempête provoquée par son offensive commerciale. «Ne soyez pas faibles! Ne soyez pas stupides! Soyez forts, courageux et patients et la Grandeur sera au rendez-vous», a écrit Donald Trump sur sa plate-forme Truth Social, avant l'ouverture de Wall Street. Advienne que pourra!