Le retour de Donald Trump aux affaires n'a pas été profitable aux prix du pétrole. L'annonce par l'ex-nouveau locataire de la Maison-Blanche, qui a promis de forer à tout va pour doper la production des Etats-Unis et, par conséquent, les faire baisser, semble avoir pour le moment porté ses fruits. Pour le moment, car il est certain que l'Opep+ ne courbera pas l'échine devant un tel desiderata qui va à l'encontre de leurs intérêts. Ceux de maintenir le baril de pétrole à un niveau acceptable pour les producteurs et les consommateurs. Le «Smic» serait 80 dollars. Un seuil qu'il a atteint la semaine qui s'est achevée le 17 janvier avant qu'il ne replonge. Une situation qui laisse se profiler une «guerre» des prix dont les ingrédients semblent avoir été semés. Pour le moment, c'est le round d'observation. Tels deux boxeurs. Les Etats-Unis ont lancé leurs premières escarmouches. L'Opep n'a pas encore bronché. Les premières banderilles ont été lancées lors de l'investiture de Donald Trump. «La crise de l'inflation a été causée par des dépenses massives et l'escalade des prix de l'énergie. C'est pourquoi, aujourd'hui, je déclarerai également l'état d'urgence énergétique nationale. Nous allons forer, forer, forer (drill, baby, drill) !», avait déclaré, le 20 janvier, le successeur de Joe Biden. Après avoir été malmenés ce jour-là, les prix du pétrole se sont effondrés mardi devant l'état d'«urgence énergétique» national annoncé par Donald Trump, qui vise à doper la production des hydrocarbures des Etats-Unis pour diminuer le coût de l'énergie et lutter contre l'inflation. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a perdu 1,07% à 79,29 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février dont c'était le dernier jour de cotation, a dévissé de 2,56% à 75,89 dollars. Qu'en ont retenu les spécialistes ? Donald Trump entend accroître la production de pétrole et de gaz, pour «remplir les réserves stratégiques» et «exporter l'énergie américaine dans le monde entier», ont conclu les analystes de DNB. «Nous allons forer à tout-va», avait martelé le président américain, une formule devenue un de ses slogans de campagne («We will drill, baby, drill»). L'idée derrière cette stratégie est d'aider l'industrie américaine à produire à des coûts moins élevés pour contenir les prix et augmenter le pouvoir d'achat des Américains. «C'est l'une des raisons pour lesquelles les cours sont baissiers aujourd'hui (21 janvier Ndlr)», a signalé Robert Yawger, analyste chez Mizuho USA. Donald Trump essaie «d'augmenter la pression publique sur l'industrie pour qu'elle ajoute des barils à ce qui est déjà la production la plus importante que nous n'ayons jamais eue», a-t-il ajouté. Ça n'ira pas mieux le lendemain. Les cours du pétrole poursuivront leur baisse, évaluant les déclarations de Trump sur les droits de douane et les décisions du président américain sur l'énergie. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en mars perdra 0,29% à 79,00 dollars. Le WTI pour livraison le même mois, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, reculera de 0,41% à 75,42 dollars. «Le marché continue de s'habituer au nouveau Président (et) essaye de mieux comprendre quel est le plan en termes de droits de douane et de sanctions», a souligné John Kilduff, d'Again Capital. Selon lui, les opérateurs anticipent qu'«il ne se passera rien dans l'avenir immédiat». Les prix reculeront encore, jeudi, malgré une baisse des stocks américains de 1 million de barils durant la période de sept jours achevée le 17 janvier. Les cours du pétrole ont, malgré tout, flanché après que Donald Trump a invité l'Arabie saoudite et l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à faire baisser les prix. «Je vais demander à l'Arabie saoudite et à l'Opep de baisser le coût du pétrole», a affirmé le président américain lors d'une allocution en ligne devant un parterre de grands patrons à l'occasion du Forum économique mondial de Davos, en Suisse. Que répondra l'Opep ? Les opérateurs doutent que Donald Trump parvienne à faire plier l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sur une augmentation de sa production, nous dit-on. La preuve, le Brent s'est ressaisi vendredi pour clôturer la semaine sur un gain de 0,27% à 78,50 dollars. Le feuilleton est cependant loin d'être terminé. La guerre des prix a-t-elle commencé ? Ce n'est pas exclu.