Les prix du pétrole ont reculé lundi, tirés vers le bas par quelques prises de bénéfices après leur récent rebond et les craintes persistantes de voir la production américaine inonder le marché mondial. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé à 64,95 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 54 cents par rapport à la clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'avril a perdu 68 cents à 61,36 dollars. Le marché reste influencé par les réserves de produits pétroliers aux Etats-Unis "qui ont certes beaucoup baissé au cours des douze derniers mois mais commencent ces dernières semaines à remonter", a commenté Stewart Glickman de CFRA. Ces stocks sont alimentés en grande partie par l'explosion de la production aux Etats-Unis qui a encore atteint la semaine dernière un niveau inédit. "Les investisseurs se disent que les producteurs américains de brut vont être capables d'extraire bien plus que ne le souhaiterait l'Opep", a relevé M. Glickman. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, pour redresser les prix de l'or noir, a conclu un accord avec plusieurs partenaires pour limiter l'offre de brut sur le marché mondial. En vigueur depuis début 2017, il est censé durer jusqu'à la fin de l'année. Cet accord "a jusqu'à présent été étonnamment bien respecté", a rappelé M. Glickman. "Mais il semblerait que des dissensions apparaissent vraiment entre plusieurs membres de l'Opep, dont l'Iran et l'Arabie saoudite, sur le prix idéal du baril." Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, observe de son côté que les positions spéculatives à l'achat sur le pétrole sont encore très élevées ce qui laisse présager "un mouvement de vente important si les conditions du marché se détériorent". Le rebond des cours vendredi "a été impressionnant", reconnait-il, mais ces derniers sont encore en dessous de leurs plus hauts du mois de février, signe que les prix sont freinés par les craintes d'une augmentation de la production américaine. En fin de semaine dernière, les cours étaient repartis de l'avant dans la foulée d'un solide rapport sur l'emploi américain. Ces chiffres sont "une bonne nouvelle pour la demande de pétrole aux Etats-Unis, le plus grand consommateur au monde", rappellent les analystes chez Commerzbank. Les cours avaient été également soutenus par l'annonce de la société Baker Hughes selon laquelle le nombre de puits de pétrole en activité aux Etats-Unis avait diminué la semaine dernière pour la première fois en sept semaines.
Hausse en Asie Les cours du pétrole étaient orientés à la hausse, lundi en Asie, portés par des espoirs d'une demande à la hausse après un rapport très positif sur l'emploi aux Etats-Unis. Vers 03h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, gagnait 12 cents à 62,16 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mai, prenait 15 cents, à 65,61 dollars. Le rapport officiel sur le marché du travail aux Etats-Unis en février diffusé vendredi a montré à la fois une forte hausse des créations d'emplois aux Etats-Unis en février et une progression modérée des salaires. Un rapport montrant une baisse du nombre de puits en activité aux Etats-Unis a également contribué à renforcer les prix, car il pourrait signaler une baisse de la production américaine, dont la hausse ces derniers mois avait plombé les cours. "Les marchés pétroliers ont grimpé après le rapport sur l'emploi qui a dopé les marchés boursiers", a observé Stephen Innes, analyste chez OANDA. "Mais les investisseurs parient sur le fait que le rapport sur l'emploi, meilleur que prévu, se traduira par une hausse de la demande en produits pétroliers. Ils saluent également le rapport Baker Hughes qui a indiqué que le nombre de puits de pétrole en activité aux Etats-Unis avait diminué de quatre la semaine dernière pour s'établir à 796." L'annonce d'un accord en vue d'un sommet entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un a également rassuré les marchés. Mais Greg McKenna, analyste chez AxiTrader, invite à la prudence face aux tensions internationales générées par la volonté des Etats-Unis d'imposer de lourdes taxes sur leurs importations d'acier et d'aluminium. "Le président Trump a directement twitté contre l'UE au sujet des droits de douane pendant le week-end et la Chine est également sur la défensive face à la menace de guerre commerciale", a observé M. McKenna. Donald Trump a concentré ce week-end ses attaques sur l'Union européenne dans sa vaste offensive sur le commerce, se montrant particulièrement menaçant à l'égard du secteur automobile, fleuron de l'industrie allemande.