Cette grisaille qui pointe à l'horizon est susceptible de provoquer, de nouveau, une nouvelle tempête. L'onde de choc provoquée par la loi du 23 février 2005, sur les «aspects positifs» de la colonisation, ne cesse de susciter encore des réactions plutôt hostiles. Un énième précédent gravissime en Hexagone. Le président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), Patrick Lozes, laissa entendre, hier, que la colonisation a visé «l'avilissement des cultures». Ce n'est pas la première organisation qui monte au créneau et affiche des hostilités publiques à l'encontre du gouvernement français. Patrick Lozes ira jusqu'à exiger solennellement «un débat national» sur ce qu'il a qualifié de «crime contre l'humanité». La polémique est de nouveau relancée. Après la définition par le dictionnaire Le Petit Robert de la colonisation comme «mise en valeur des pays anciennement occupés», les éditions Milan empruntent la même voie. Ces éditions tentent de publier sous une nouvelle jaquette le recueil de chansons intitulé «Le beau temps des colonies». Réagissant à cette nouvelle «croisade», Patrick Lozes pense qu'il «serait étonnant que ce disque, dont le contenu et l'iconographie sont foncièrement colonialistes, soit à nouveau diffusé chez tous les disquaires français». C'est une «insulte à (notre) mémoire», dit-il, indigné. De la glorification du colonialisme, à travers la loi du 23 février 2005, à sa définition tout aussi tendancieuse que revancharde du Petit Robert, les éditions Milan viennent alimenter la polémique. Ce sont là les signes révélateurs des réflexes d'un Etat colonial, qui ne feront qu'exacerber la tension entre la France et ses ex-colonies. Cette grisaille qui pointe à l'horizon est susceptible de provoquer, de nouveau, une nouvelle tempête. Cette première réaction annonce déjà un lendemain houleux. Le Conseil représentatif des associations noires de France, par la voix de son président, se bat bec et ongles contre les nostalgiques de la période coloniale. «Les souffrances» des peuples des anciens pays colonisés «n'est pas un objet de commerce». Patrick Lozes a rappelé que ces peuples ont «payé de leur sang le droit à leur dignité». Cette même controverse est à l'origine même du froid qui s'est installé entre Alger et Paris. Des ministres français, à commencer par Philippe Douste-Blazy, ont tenté de crever l'abcès avec, pour finalité, la relance du traité d'amitié. Interpellé sur la même question, le premier policier de France, Nicolas Sarkozy, a refusé tout bonnement d'aller au fond des choses. Pour le Conseil représentatif des associations noires de France: «La colonisation a détruit des hommes. Elle a détruit nos parents, nos ancêtres, nos familles, elle a saccagé nos vies.» Son président a estimé qu'«il est temps de se parler dans le cadre d'un débat national sur la colonisation» organisé sous l'égide des plus hautes autorités de l'Etat français. La question est de savoir si l'Hexagone est en mesure d'assumer un tel débat. Est-ce si difficile, car il est déjà important d'assumer d'abord sa dérive coloniale en Afrique, notamment en Algérie.