Le commissaire européen propose la création d'«agences de migration» dans les pays africains. Le phénomène de l'immigration n'en finit pas de tarabuster l'Union européenne. On veut en finir et une bonne fois pour toute. Cependant, pour ce faire, on ne semble pas y trouver la politique adéquate. A présent, les deux positions adoptées par l'Afrique d'un côté et l'Union européenne de l'autre, sont comme deux pôles à jamais opposés. En effet, quand l'Afrique suggère des solutions plutôt économiques, susceptibles de l'évacuer des crises dont elle se débat; l'Europe, elle, propose des solutions purement sécuritaires. Mais, ne voilà-t-il pas qu'on propose la troisième voie. Celle-ci est suggérée par le commissaire européen à la coopération et au développement, M.Louis Michel. Elle consiste en la création d'agences «de migration» dans les pays africains. Cette proposition, qui sera soumise aux débats par la commission européenne dans les jours à venir, intervient une semaine après la tenue, les 22 et 23 de ce mois à Tripoli du sommet euro-africain. Dans un discours prononcé mardi dernier à Berlin, Louis Michel a parlé de la migration accompagnée. «La Commission étudie la possibilité d'installer dans les pays d'origine des agences de migration qui pourraient réguler l'offre et la demande. Ces agences pourraient, par exemple, gérer les questions des saisonniers, la question de l'octroi de vivres permanents pour les diasporas, la question des échanges entre universités, hôpitaux, entreprises, etc...» a-t-il souligné. Mais quand bien même cette mesure s'avère moins extrémiste (du moins en apparence) au vu des mesures répressives exercées déjà par l'UE, les observateurs se montrent sceptiques quant à son efficacité dans l'éradication du phénomène de l'immigration clandestine. Aussi, les agences de migration, censées réguler l'offre des pays africains en main-d'oeuvre, et la demande des pays européens, ne feront qu'accentuer la gravité de la saignée dont est victime le continent noir, on entend parler ici de la fuite des cerveaux. En effet, l'Union européenne est appelée aujourd'hui à investir en Afrique, et résorber, de ce fait, un tant soit peu, le chômage qui mine les pays africains. Cette position a d'ailleurs été défendue à cor et à cri par l'Algérie. D'autant plus que notre pays est perçu comme une zone de transit par excellence. Il suffit d'ailleurs de voir le nombre impressionnant d'Africains qui pullulent nos villes pour se rendre compte de l'ampleur que prend le fléau de l'immigration clandestine. Il faut signaler, dans cette optique, que l'UE ne cesse d'exhorter l'Algérie afin qu'elle mette en place les moyens nécessaires susceptibles de constituer un mur devant les candidats à l'immigration. Mais, cela ne peut se faire sans la collaboration, d'aussi bien les pays de l'Union européenne que les pays africains. Il faut savoir, dans cette optique que, en renvoyant dans leurs pays les ressortissants africains, l'Algérie ne bénéficie d'aucune assistance des pays africains. On n'a qu'à voir, à cet effet, le nombre de candidats à l'immigration clandestine «stationnés» dans le sud algérien, et la situation nous dira long sur un phénomène qui devient de plus en plus inquiétant.