La conférence de presse qu'a animée, hier, Salim Allilouche à la Maison de la presse Tahar-Djaout, s'est transformée en un réquisitoire, d'abord contre les militants du RCD, ensuite contre le parti et enfin contre la personne de Saïd Sadi. De retour de Béjaïa où il a séjourné ce week-end, le porte-parole des dialoguistes a invoqué, hier, des intimidations dont ses collègues et lui-même ont été victimes. Sans hésitation, il affirme que «ce sont les militants du RCD sillonnant les villages qui menacent certains et embrigadent d'autres». Parlant au nom des dialoguistes qui ont séjourné à Alger depuis le 6 décembre dernier et qui ont regagné dernièrement la Kabylie, il fait remarquer: «Nous n'allons pas répondre aux intimidations, mais si la situation atteint un certain seuil nous nous adresserons à la justice au cas par cas.» Visiblement irrité, Allilouche assène devant un parterre de journalistes: «C'est Sadi en personne qui donne des ordres. Il a flirté avec le pouvoir 12 ans durant et maintenant il tente de structurer le mouvement comme il a fait avec le MCB par le passé... Je suis un dissident du parti qui sait ce qu'il dit.» Sur sa lancée, le porte-parole des «citoyens libres» livre des accusations d'une extrême gravité. En s'en prenant au RCD, il déclare: «Il utilise les moyens de l'Etat. c'est la garde communale de Sidi Aïch qui a affiché les noms des personnes à mettre en quarantaine... Il y a même un patriote de tendance RCD qui est impliqué, il a été désarmé.» Ainsi, pour Salim Allilouche, le parti de Sadi «veut créer un précédent grave, il recherche un affrontement avec les services de sécurité». A la question de savoir quelle preuve il détient pour porter de telles accusations, le conférencier s'est adonné à la métaphore. Le RCD, dira-t-il «est comme une bête blessée. Ce parti, qui affirmait sa démarcation des attitudes des intégristes, est en train de faire la même chose (...) il menace, il appelle au lynchage et à la mise en quarantaine.». Voulant faire durer le suspense, il soutient: «J'ai des preuves sur ce que j'avance, je les rendrais publiques après la rencontre avec le Président.» Dans le même contexte, Salim Allilouche révèle: «Une jonction est en train de se faire entre le RCD et le MAK (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie NDLR) pour accaparer le mouvement.» Eu égard à cet état de chose, le vis-à-vis de Benflis dans le dialogue fait une suggestion: «Il faut que la Kabylie fasse le procès des Kabyles qui se sont dressés les uns contre les autres.» Revenant au RCD, le porte-parole des dialoguistes révise ses déclarations: «Mais ce ne sont pas tous les cadres du RCD qui cautionnent ce que fait Saïd Sadi (...) j'invite à ce propos les militants de la première heure à démissionner et à rejoindre le mouvement (sic)». Apostrophé sur son attitude envers le parti de Sadi, Salim Allilouche déclare: «Non. Nous avons trop patienté (...) il était temps de parler.» Evoquant encore une fois les entraves dressées contre les dialoguistes «qui sont sur le terrain», le conférencier lâche sa phrase qui résonne comme un ultimatum: «Nous irons au bout de notre travail car nous ne sommes pas dans le tort (...) Sadi assumera seules les conséquences». Il saluera, en revanche «la sagesse, la retenue et la responsabilité des autres partis implantés en Kabylie».