Parce qu'il n'a pas été raisonnable et prudent dans ses déclarations, le porte-parole des dialoguistes a été écarté quelques jours après la rencontre avec Benflis et avant qu'ait lieu celle programmée avec le chef d'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika. Les dialoguistes ont décidé, lors d'une réunion qui s'est tenue dans la wilaya de Béjaïa, d'écarter Salim Allilouche de son poste de porte-parole des «citoyens libres» qui dialoguent avec le gouvernement. C'est le père de l'une des victimes du printemps noir, Aïssa Arab qui aurait pris la place du désormais ex-porte-parole des dialoguistes. Il a été dit que même si l'unanimité parmi les dialoguistes n'a pas été acquise, la majorité a approuvé l'écartement. Cette décision est intervenue quelques heures après la conférence de presse qu'a animée Allilouche à Alger, vendredi dernier. On se souvient que le conférencier a été d'une virulence sans pareille contre le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Durant sa rencontre avec la presse nationale, l'ancien porte-parole des dialoguistes n'a pas hésité à charger le président du parti, M.Saïd Sadi, en le traitant de tous les noms. Salim Allilouche s'en est pris également à l'Entv et aux représentants des coordinations de Kabylie, qu'il assimile aux terroristes. Mais selon certaines sources du côté du panel des «citoyens libres», l'intention d'éloigner Salim Allilouche, tout au moins en tant que porte-parole, a été abordée en sourdine quelques semaines avant la rencontre que les dialoguistes ont eue avec le Chef du gouvernement pour la mise en application de la plate-forme d'El-Kseur. A ce propos, l'on affirme que l'absence de M.Allilouche «pour des raisons de santé» de la conférence de presse faite au lendemain de la rencontre avec M. Benflis a été le signe de «la guerre froide» entre une minorité qui soutient le porte-parole et une majorité qui voulait son remplacement. Justement, à la place de Allilouche, c'est l'actuel porte-parole, M.Aïssa Arab qui a livré à l'opinion publique le compte rendu du tête-à-tête avec le Chef du gouvernement. Dans le même contexte, l'incohérence entre les déclarations du président des ateliers, M.Rabah Hamitouche, et le porte-parole a donné naissance à un combat de leadership qui ne disait pas son nom. Il a été cependant une sorte de prélude à son éloignement. Car il a suffi d'«une erreur de plus» pour que Allilouche paye les frais de «son excès de zèle» dans les déclarations incendiaires qu'il n'a cessé de multiplier. A en croire certains dialoguistes, il était nécessaire de procéder à ce brusque changement du moment que l'ancien porte-parole constituait une réelle entrave à une éventuelle fusion entre les dialoguistes et les radicaux. Car, selon ces mêmes sources, le dénigrement adopté par Allilouche n'était pas pour opérer cette union. Force est de constater enfin que la décision des dialoguistes est loin d'être entièrement souveraine. On a laissé entendre, à ce titre, que l'autre partie participant au dialogue - les services du Chef du gouvernement - n'est pas opposée à ce remplacement.