Dans le discours prononcé jeudi, le président américain concède un «petit» retrait, laissant au prochain président de finir la guerre. Rien de nouveau dans le discours, d'une quinzaine de minutes, que le président américain, George W.Bush, a prononcé jeudi à partir de son bureau ovale à la Maison-Blanche. Il n'a fait que confirmer ce que tout le monde savait déjà et qu'une large campagne laissait déjà entrevoir, un retrait partiel, en fait le minimum, pour répondre aux demandes de l'opinion américaine. De fait, mardi lors de leurs témoignages devant le Congrès, le commandant en chef américain en Irak, le général David Petraeus, et l'ambassadeur américain à Baghdad, Ryan Crocker, avaient laissé entendre un tel retrait expliquant la nécessité d'une réduction partielle des troupes américaines en Irak. Le terrain a donc été préparé à M.Bush qui annonça non pas un désengagement des force américaines (stationnées en Irak) par une réelle réduction des troupes, mais a déclaré que les unités qui ont terminé leur mission en Irak ne seront pas remplacées. Au total à la fin de 2008 l'effectif américain restera ce qu'il était déjà en janvier 2007. Cette réduction de troupes prévue en 2008: concerne quatre brigades de combat d'environ 3.500 hommes chacune, et deux bataillons de Marines composés d'environ 1000 soldats chacun dont la mission s'achève d'ici à la mi-juillet. Les forces américaines en Irak sont évaluées actuellement à 168.000 soldats, dont les 30.000 envoyés au début de l'année pour sécuriser la capitale Baghdad. George W.Bush laisse ainsi à son successeur le soin de terminer la guerre qu'il a commencé en mars 2003 puisque le gros des troupes américaines, plus de 100.000 hommes, seront toujours présents en Irak en janvier 2009 terme du mandat du 43e président américain et à l'avènement de son successeur. Il est possible aussi, indique des sources proches de l'administration républicaine, que le président Bush retire, après juillet, d'autres unités pour donner un «coup de pouce» au candidat républicain à l'élection présidentielle prévue le 4 novembre 2008. Dans son discours, M.Bush n'a en rien innové mais a surtout officialisé le statu quo en Irak, essayant seulement de léguer à son successeur la moins mauvaise situation possible. Un responsable de l'administration Bush a admis que le président américain n'a plus pour objectif que de «créer les conditions les plus favorables possibles (en Irak) pour son successeur» et qu'il appartiendrait à celui-ci de «faire sa propre évaluation». Or, le président Bush a toujours été convaincu qu'il était dans le vrai et n'écoutait aucune opinion qui soit divergente, ayant ainsi raison contre les experts, les analystes militaires et les médias...Mais au fur et à mesure que l'affaire irakienne devenait plus complexe, le président Bush a dû admettre qu'il n'avait aucune chance de terminer une guerre dont il avait pourtant annoncé la fin...le 1er mai 2003 au lendemain de la chute du régime de Saddam Hussein et la défaite de l'armée irakienne. M.Bush admet aujourd'hui que les Américains seront toujours en Irak en janvier 2009 et à son investiture, le nouveau président trouvera le dossier «brûlant» sur son bureau. Jeudi, le président Bush n'a fait que reconnaître un fait: la guerre en Irak est toujours là et perdurera au-delà de son mandat qui prend fin le 20 janvier 2009. Ainsi, l'armée américaine se trouve engluée dans la guerre programmée par George W.Bush, une guerre qu'elle n'est pas prête de terminer dans les honneurs quatre années après ses débuts. En tout état de cause, George W.Bush qui semble avoir fait son testament concernant la crise irakienne ne risque pas de passer dans la postérité et l'histoire retiendra surtout, outre le fait qu'il est le président américain le plus impopulaire depuis Lyndon B. Johnson - qui enlisa l'Amérique dans la guerre du Vietnam - a été aussi celui qui engagea son pays dans une guerre injustifiée et meurtrière loin des objectifs de démocratisation de l'Irak qu'il s'est fixés il y a quatre ans et qui ne sont aujourd'hui qu'une réminiscence dans les remugles de sang qui imprègnent l'Irak. La présence américaine n'a apporté ni la paix, ni la démocratie et encore moins la liberté à l'Irak mais le pays est devenu un sanctuaire du terrorisme international et d'Al Qaîda. M.Bush a ainsi affirmé qu'il ne voulait pas que l'Irak soit un refuge pour Al Qaîda, oublieux que c'est l'invasion et l'occupation américaines qui ont intronisé la nébuleuse islamique en Irak alors que la violence islamiste était inconnue dans ce pays avant l'arrivée des forces d'occupation américaines, lesquelles ont amené le terrorisme dans leur sillage.