Dix ans après le football, on s'aperçoit que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le sport algérien a-t-il gagné quelque chose après la visite de M.Lamine Diack, le président de la Fédération internationale d'athlétisme? En règle générale ce que l'on attend du séjour d'une telle personnalité c'est qu'elle apporte sa contribution à valoriser la discipline dont il est question et aider à son développement. Il faut savoir que l'Iaaf s'est impliquée dans la construction du premier centre algérien de préparation en altitude de Tikjda en débloquant la somme de 100.000 dollars. Un centre érigé, on se doit de le préciser, non pas par le MJS mais par le Comité olympique algérien. On aurait voulu que M.Diack vienne à Alger pour visiter ce centre, qui a reçu l'agrément du CIO (qui y est allé lui de 50.000 dollars d'aide) pour lui offrir l'opportunité de mieux se faire connaître à l'étranger. Mais le président de l'instance internationale ne s'est déplacé que pour chercher une issue à la crise qui sévit dans l'athlétisme algérien qui lui a valu sa suspension à l'échelle planétaire. Une situation née de la sanction qui a frappé le président de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA), M.Toufik Chaouch Teyara et les membres de son bureau fédéral, sanction prononcée par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Mais aussi pour une histoire de statuts de la FAA où certaines dispositions ont été amendées non pas pour les intérêts de la discipline mais pour des raisons apparemment personnelles. On se demande, à ce titre, pourquoi on est allé jusqu'à refuser l'accès au bureau fédéral des membres algériens qui siègent dans les comités exécutifs des instances internationales alors que l'Iaaf en fait une obligation (et pour elle ses membres ont une voix délibérative) et que le décret 05-405 sur les fédérations sportives le recommande (mais il n'accorde à ces personnes qu'une voix consultative). Comme nous l'écrivions dans notre édition d'hier, M.Diack s'est montré intransigeant sur le principe qui veut que la levée de la suspension de l'athlétisme algérien sur le plan international passe par celle de M.Chaouch Teyara et des membres de son bureau fédéral à l'échelle nationale. Ce qu'ont fini par accepter ses interlocuteurs algériens. Malgré cela, il se trouve, aujourd'hui, de mauvais génies qui activent dans certains cercles et qui continuent d'alimenter la polémique indiquant qu'il n'a jamais été question de levée de la suspension de M.Chaouch Teyara mais seulement celle du bureau fédéral. Ces gens malintentionnés savent, pourtant bien que nos athlètes continueront à être privés des pistes des stades internationaux tant que M.Chaouch Teyara ne retrouve pas son poste de président de la FAA. Est-ce servir l'Algérie et son sport que de distiller de telles fausses informations? En quoi M.Chaouch Teyara est-il si gênant pour qu'on fasse de lui celui par qui tout le mal est arrivé? C'est, pourtant, un Algérien qui a servi son pays en tant qu'athlète puis en tant que gestionnaire de l'athlétisme algérien. Cet homme est passé par de terribles moments ces derniers mois. On l'a traîné dans la boue, on l'a assimilé à un voleur, on est allé jusqu'à toucher à sa propre famille en faisant allusion au fait que son épouse faisait des gâteaux et les vendait (y aurait-il quelque chose de dégradant dans ce métier?). Cette réhabilitation est sa victoire, une victoire contre ce qu'il a qualifié de «hogra». Sa volonté de ne pas céder a fini par être récompensée. Aujourd'hui, il a laissé entendre qu'il reprendrait son poste à la FAA mais qu'il ne se présenterait pas à une nouvelle élection au sein de cette fédération. Il a appris combien était dur le milieu du sport qui vous lamine un être jusqu'à le dévaloriser aux yeux de l'opinion publique. Ce jeudi, l'Iaaf devrait faire connaître les étapes par lesquelles devra passer la FAA pour que soit levée la suspension qui la frappe sur le plan international. On a parlé de feuille de route mais on espère que ce ne soit pas le cas. Une feuille de route signifie que l'on nous dicte ce que l'on doit faire pour régler une crise. Jusqu'à présent, on n'a jamais donné à l'Algérie indépendante une feuille de route dans quelque domaine que ce soit. Voila qu'on en parle dans le sport de la part d'une instance internationale. La question qui se pose est de se demander pourquoi en être arrivé à ce point? Il est facile de dire que c'est la faute de M.Chaouch Teyara. Lorsqu'on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage, la rengaine est connue. Une rétrospective de cette affaire nous fera peut-être dévoiler que ce n'est pas lui qui, en premier, a saisi l'Iaaf. Et puis, n'est-il pas de son droit de se défendre lorsqu'il est accablé comme il l'a été? Qu'auraient voulu les gens? Qu'il se taise et accepte tout ce qui a été dit sur lui? L'Algérie est un pays où le citoyen a droit à la dignité et où le droit de se défendre lui est reconnu. Toujours est-il que la levée de la suspension de la FAA interviendra une fois que M.Diack aura contacté tous les membres du Comité exécutif de l'Iaaf. Un de ces membres, M. Djamel Si Mohamed, est Algérien. Il a assisté à la réunion MJS-Iaaf de dimanche dernier. C'est de lui dont M.Diack avait parlé dans une correspondance adressée au MJS afin qu'on le consulte pour trouver une solution à la crise. Cela pour éviter des désagréments à notre athlétisme sur le plan international surtout à moins de huit mois des Jeux africains que notre pays va accueillir. M.Si Mohamed n'a jamais été consulté et, aujourd'hui, il se retrouve comme le grand ordonnateur du suivi des recommandations (on préfère ce terme) de l'instance internationale. Il se dit que ce sera même lui qui s'occupera de la désignation des 30% d'experts qui siègeront à l'assemblée générale. Voilà où mène l'entêtement et l'histoire retiendra qu'après le football, l'Algérie sportive, comme un très mauvais élève, aura eu le plus éphémère des présidents d'une fédération. Dix ans après le football, on s'aperçoit que les mêmes causes produisent les mêmes effets et qu'il ne sert à rien de tergiverser lorsqu'on voit que l'on court vers un mur.