Le patron de l'imposante organisation des moudjahidine n'y est pas allé de main morte pour répondre à ses détracteurs. «Ahmed Benchérif n'a qu'à publier la liste des noms des faux moudjahidine. Benchérif est connu pour avoir exercé des hautes fonctions dans les institutions de l'Etat. Pourquoi a-t-il attendu tant d'années pour soulever la question des faussaires?», s'interroge le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), en guise de réponse à l'initiative d'un groupe conduit par le colonel Ahmed Benchérif. Ce dernier a, rappelle-t-on, annoncé la constitution d'une commission nationale qui serait chargée de traquer les faussaires où qu'ils soient. Abadou va encore plus loin, lors d'un point de presse improvisé hier, en marge des travaux du conseil national. Il invite Benchérif à prendre attache avec l'ONM, s'il a des choses à dire. Il dit aussi lui avoir envoyé une lettre. «Nous recevons beaucoup de courrier de dénonciation mais ce ne sont que des lettres anonymes. Ceux qui les écrivent n'ont pas le courage de les signer. Quand quelqu'un accuse quelqu'un d'autre d'être faussaire il faut qu'il s'identifie, qu'il dise clairement où il était pendant la guerre de Libération. Il se peut qu'il était dans un endroit pour être ensuite muté dans un autre sans tout savoir sur ce qui s'y était produit après son départ. Il y a également les cas de ceux qui ont collaboré avec l'ennemi au début puis ont rejoint ensuite l'ALN», ajoute-t-il. Boukoba avait fait état de 1000 faussaires. «J'ai reçu Boukoba. Je lui ai demandé des dossiers. J'attends toujours les dossiers dont il dispose. La porte reste ouverte. Nous nous engageons à étudier ces dossiers, en présence des journalistes s'ils le veulent. Mais, quand on vient dans une conjoncture donnée déballer comme ça un dossier pareil, on s'interroge sur l'opportunité», conclut Abadou, tentant ainsi de mettre ses détracteurs au pied du mur. Le secrétaire général de l'ONM milite, en outre, pour la reprise des commissions chargées des attestations d'affiliation. Il souligne que leur mission doit être limitée dans le temps. Elles étudieront les recours et les dossiers en instance et ne peut en aucun rester indéfiniment à étudier des dossiers, 44 ans après l'indépendance. Dans son allocution d'ouverture de la deuxième session du conseil national de l'ONM, Abadou a évalué à 100.000 le nombre d'adhésions à l'organisation, en invitant l'ensemble des moudjahidine à venir. Il fait état d'un mémorandum qu'a présenté l'ONM au chef du gouvernement. Ce texte établit un récapitulatif des préoccupations des moudjahidine. L'orateur relève un retour d'écoute de la part du gouvernement qui a procédé à la rédaction des décrets exécutifs de la loi du moudjahid et du chahid. Ils seront destinés à réparer certaines injustices. Abadou cite, entre autres, le legs de l'allocation de décès des veuves de chahid aux enfants sans emploi ou handicapés. Il énumère, également, les aides aux fellahs ou encore la question des logements. Deux années après son dixième congrès, l'ONM tient son deuxième conseil national qui sera sanctionné par des recommandations. Abadou annonce, à l'occasion, l'ouverture d'une bibliothèque au Club du moudjahid à Port-Saïd. Ce club sera ouvert aux jeunes qui veulent connaître l'épopée de leurs pères. Il est aussi question de la reparution de la revue du 1er Novembre. Le SG de l'ONM s'est montré déterminé à affronter ses détracteurs, les défiant d'étaler leur linge sur la place publique s'ils le veulent.