«Médias et livres: où en est la critique littéraire?», est le thème débattu, vendredi dernier, jour de clôture de ce non-événement qui s'est tenu à la Bibliothèque nationale d'El Hamma. D'emblée, l'on a constaté une désaffection criante du public et parmi même le groupe des conférenciers. Aussi, au lieu de 5 ou 6 personnes qui devaient animer cette conférence censées apporter beaucoup d'éclairage sur la question, seules deux ont répondu présent et ont donné leurs points de vue devant une assistance qui n'excédait pas la quinzaine! dans une grande salle (la Rouge) réputée pourtant accueillir de colloques et autres séminaires de grande envergure...Ceci est de prime abord, le constat qu'on pouvait assigner à cette 6e édition du Salon national du livre où, confortant notre remarque, on nous assurera parmi les éditeurs que plusieurs conférences se sont déroulées en cercle fermé ou table-ronde à cause de l'absence du public, justement. Certaines rencontres ont été tout bonnement annulées! Est-ce la faute du public, rassasié peut-être, à quelques jours de la clôture du Salon international du livre et donc point d'argent dans les poches, ou la faute incombe-t-elle aux organisateurs qui ont dû mal à gérer «la boutique», en organisant deux événements quasi identiques à quelques semaines d'intervalles? Un manque de communication? La presse qui n'a pas joué son rôle? De l'aveu d'une écrivaine venue dédicacer son livre, le Salon était vide durant la semaine, il a connu une certaine animation seulement le jeudi. Revenant à cette fameuse conférence, Bouhamidi (la Tribune du livre) parlera d'emblée de la parabole de la ménagère dans la mesure où le critique doit renseigner cette ménagère sur la qualité et la valeur du produit (prix), arguant que «le critique se doit d'être un maillon dans la chaîne promotionnelle du livre, non un vigile artistique, il se doit d'être parfois l'adjoint du libraire». M.Bouhamidi dira qu'hélas, tous les journaux tombent dans la facilité. Ainsi 85% de leurs pages culturelles sont inondées de sujets sur la musique, encore une fois sans échelle des valeurs. Le conférencier cite comme exemple la musique gnaouie. «Le modèle culturel des pages culturelles est à contre-courant de ce qu'on veut. C'est pire à la radio et à la télé. Les seuls critiques qui se comptent sur les doigts de la main sont les sous-sols des médias». Le deuxième conférencier, Hmida Layachi, directeur de Djazaïr News, qui accorde un supplément culturel tous les week-ends, parlera de son expérience dans les différents journaux où il a exercé, soulignant que c'est grâce à la culture qu'il a pu quadrupler son chiffre d'affaires, tordant ainsi le coup aux préjugés sur l'inefficacité ou l'impact des pages culturelles. M.Ayachi reconnaîtra, pourtant, au début que «c'est fou de donner deux pages culturelles dans un journal qui ne marche pas», et d'ajouter: «Ce ne sont pas les ventes qui constituent la force d'un journal mais le nombre de pages de pub». Le conférencier parlera de notion de terre brûlée dans les années 90 mais aujourd'hui, fera-t-il remarquer, «d'autres intérêts sont entrés en jeu qui dépassent la culture et la politique. Ils sont tournés vers un esprit capitaliste. Au lieu de parler de grandes stratégies, il faut passer à la pratique. Il faut voir ce que éditeurs et journaux, pouvons faire ensemble pour la promotion de la culture en général et la littérature en particulier». Aussi, parler des livres en bien ou en mal, susciter le débat intellectuel et créer enfin, ces modèles ou «stars» à l'image de ce qui se passe en France, comme l'a souligné Bouhamidi.