La situation est sur le fil du rasoir et l'Algérie continue d'être qualifiée de pays de transit en dépit d'une consommation qui va crescendo. Sur le plan mondial, la situation ayant trait à la consommation de la drogue est assez alarmante. 500 milliards de dollars par an sont générés par la culture et le trafic de la drogue, deuxième secteur mobilisateur de devises après le marché d'armes et second facteur aussi de transmission du VIH. 200 millions d'usagers de drogue sont recensés à travers le monde. Ces chiffres et cette réalité du terrain ont été révélés hier, sur les ondes de la Chaîne II, par Salah Abdennouri, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. En Algérie, la situation est sur le fil du rasoir et n'est pas aussi meilleure que le constat exposé pour ce qui est de l'ensemble de la planète. L'Algérie figure sur le tableau dans la case réservée aux pays de transit. Convié à l'émission hebdomadaire «l'invité de la presse», Salah Abdennouri, se référant aux critères de l'ONU, explique que l'Algérie continue à être considérée comme pays de transit en dépit d'un taux de consommation qui va crescendo. Effleurant le volet relatif à l'origine et la provenance de la drogue algérienne, l'orateur lâche le morceau. Il reconnaît que certaines officines s'adonnent au trafic de psychotropes. Soumis à «l'interrogatoire» des journalistes, il explique que certaines pharmacies vendent des psychotropes sans l'aval des médecins. Pis encore, des détournements de psychotropes, médicament reconnu comme drogue, ont été constatés dans d'autres officines d'hôpitaux. Il affirme dans la foulée sans détour ni faux fuyants que des officines ont été scellées pour vente illégale de psychotropes et des pharmaciens croupissent dans les prisons pour les mêmes causes. Dans le même ordre d'idées, la deuxième provenance de la drogue algérienne est le Maroc, reconnaît aussi l'invité de la Chaîne II qui fera savoir que ce pays voisin est qualifié comme étant le plus grand producteur au monde avec, sur le tableau de bord, quelque 120.000 hectares de cannabis. Cette drogue ainsi que les psychotropes sont les plus répandus en Algérie, avec des cas d'apparition de la drogue dure. En termes de chiffres reflétant le bilan de la lutte contre le trafic et l'usage des stupéfiants et des substances psychotropes, au titre de l'année 2005, 9644,001 kg de résine de cannabis, 130 g d'herbe de cannabis, 22,055 kg de graine de cannabis, 48 plants de cannabis et 426.617 comprimés de substances psychotropes de différentes marques ont été saisis. Quant aux opiacés et cocaïne, l'année 2005 a été marquée par la saisie de 66,55 g de cocaïne, 88,736 g d'héroïne ainsi que 480 g d'opium. Quant au nombre des affaires traitées durant la même année, l'ensemble des services de lutte ont eu à traiter 6185 affaires, dont 2097 liées au trafic et à la commercialisation. 1687 sont liées au trafic de résine de cannabis, 399 affaires concernent la commercialisation de substances psychotropes, 8 affaires d'héroïne, 2 affaires de cocaïne et une affaire de trafic et de commercialisation d'opium. Les affaires relatives à la détention et à l'usage de drogue ont atteint 4082, dont 3629 concernent la détention et l'usage de résine de cannabis, 452 affaires de détention et d'usage de substances psychotropes et une affaire de détention et d'usage de cocaïne. Tandis que 6 autres affaires liées à la culture de cannabis ont été enregistrées également. Les investigations menées dans ce cadre par les services concernés ont abouti à l'interpellation de 8698 individus dont 2549 trafiquants et 4961 usagers de résine de cannabis, 567 trafiquants et 565 usagers de substances psychotropes, 14 trafiquants et 4 usagers de cocaïne, 23 trafiquants d'héroïne, 3 trafiquants d'opium ainsi que 12 cultivateurs de cannabis. Parmi les personnes impliquées, on compte 85 étrangers et 309 individus faisant encore l'objet d'actives recherches. En définitive, la tendance est à la progression en matière de consommation et de commercialisation. Ce qui signifie une situation alarmante à prendre sérieusement en charge. L'Etat algérien, même si en comparaison d'autres pays il est loin de faire l'objet de sérieuses condamnations de la part des instances internationales,est en fin de compte responsable de la sécurité des citoyens.