Les différents problèmes qui se posent au pays sont imbriqués les uns aux autres et on ne peut dissocier la situation en Kabylie du respect du calendrier électoral. Selon des sources fiables, le Président de la République s'apprêterait à entamer un round de consultations avec les formations politiques autour des sujets brûlants de l'heure. Le moins que l'on puisse dire est que les sujets de discussion ne manquent pas en Algérie. Non seulement le dialogue, en tant que valeur civilisationnelle, doit être encouragé et soutenu, mais en plus dans un pays où il est existe un Parlement pluraliste et un gouvernement de coalition, c'est le contraire qui serait étonnant. Deux sujets au moins méritent de figurer au menu des consultations: le calendrier des prochaines élections législatives et la situation en Kabylie. En ce qui concerne le premier point, on croit savoir que de nombreux partis ont déjà saisi par écrit la présidence pour faire part de leur souci de voir respecter les dates des élections tout en demandant des garanties quant aux conditions de déroulement du vote. «Transparence» est le maître mot qui revient dans les déclarations des leaders politiques, qui souhaitent que les élections à cette future législature ne soient pas entachées d'irrégularités, et c'est là le minimum de ce qu'on peut espérer pour redonner à la vie politique un regain de vitalité, de sorte que la compétition électorale puisse avoir lieu dans un climat serein et que les institutions du pays jouissent de la légitimité non contestée des urnes. Certains responsables politiques, comme cheikh Nahnah, sont même allés jusqu'à demander au président Bush de veiller à la régularité des urnes, sans crainte de toucher à la sacro-sainte souveraineté et au nombrilisme légendaire des Algériens. L'autre point concerne les réponses à apporter à la situation en Kabylie, dont il faut rappeler que la date anniversaire du printemps noir approche à grands pas. Le 20 avril c'est pour bientôt et, comme par hasard, les dates des élections seront fixées pour le mois de mai. La proximité de ces dates demande que des mesures courageuses soient annoncées pour un retour à la normale. Le fait est qu'après la séance marathon de discussion, en ateliers, entre le Chef du gouvernement et les représentants dialoguistes des ârchs, un communiqué de la présidence de la République a annoncé que le chef de l'Etat s'apprête à recevoir une délégation des «citoyens libres» et qu'il annoncera, à cette occasion, des mesures très importantes. Le problème de la Kabylie est récurrent et se pose depuis plusieurs décennies, si ce n'est depuis 1948, et si Bouteflika arrive à désamorcer la crise sur un sujet aussi sensible, en lui apportant des solutions appropriées, on pourra dire qu'il laissera une empreinte dans l'Histoire du pays. Quant aux éléments radicaux du mouvement des ârchs, ils pourront voir dans les décisions du chef de l'Etat une réponse à leurs revendications, puisque, dès le départ, ils ont déclaré que leur mission consiste à remettre au Président de la République la plate-forme d'El-Kseur. En d'autres termes, les uns et les autres auront à coeur de ne pas insulter l'avenir en misant sur l'amour qu'ils portent tous à ce pays meurtri. Il y a quelques mois, le Président avait, devant la conférence des cadres, lancé le programme de relance économique et avait saisi cette occasion pour inviter les formations politiques au dialogue. Il avait alors reçu à la présidence les états-majors des partis et avait échangé avec eux des points de vue aussi bien sur la situation politique du pays en général que sur les événements de Kabylie en particulier. Aujourd'hui, on peut considérer que le moment est venu d'approfondir la réflexion sur l'ensemble des dossiers. Si la crise kabyle demande des décisions courageuses, il n'en demeure pas moins que leur incidence sur les autres questions doit être prise en compte, comme la révision de la Constitution, la réforme de l'Etat, le respect du calendrier électoral et les amendements à apporter à la loi électorale. En d'autres termes, la situation politique du pays est un tout, et on ne peut modifier une partie de l'édifice sans veiller à ne pas déséquilibrer l'ensemble de la construction.