Les attentats de Londres et de Madrid ont servi de leçon aux deux capitales pour changer d'attitude à l'égard des groupes extrémistes. Une escale de quelques heures qui aura été, tout de même, fructueuse pour le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. Ce dernier a présidé, avec le chef de l'Etat une cérémonie de signature d'un accord d'extradition entrant dans le cadre de la coopération judiciaire et de lutte commune contre la criminalité et le terrorisme. Ainsi, Madrid s'est engagée, apprend-on de sources concordantes, à extrader 70 ressortissants algériens arrêtés en Espagne pour activités terroristes. Cette convention, troisième du genre, vient parachever la coopération judiciaire entre l'Algérie et l'Espagne, après l'accord d'entraide pénale et celui en matière civile et commerciale, signés respectivement en 2004 et 2005. Les deux pays ont, également, l'intention de renforcer ce type de coopération par une coopération institutionnelle, à travers la formation, en Espagne, des magistrats algériens, sur des sujets «techniques pointus». L'Algérie et l'Espagne prévoient, aussi, un échange d'expériences en matière de normes, de jurisprudence et de coopération dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Des échanges de visites des magistrats des deux pays et un jumelage entre les institutions judiciaires et les écoles de formation algériennes sont également prévus dans l'agenda des responsables des deux parties. Il convient de rappeler que la récente visite du juge antiterroriste espagnol, Balthazar Garçon, entre dans le cadre de cette coopération entre Alger et Madrid. Par ailleurs, il est attendu, dans ce contexte, l'organisation, au cours du 1er semestre 2007, de quatre séminaires en matière judiciaire entre les deux pays, en Algérie et en Espagne. L'Espagne, au même titre d'ailleurs que plusieurs pays de l'Union européenne, comme le Royaume-Uni, comptent en finir avec les activistes islamistes arrêtés au cours des dernières années sur son territoire. Ces groupes extrémistes qui voulaient faire de ces pays leur sanctuaire. Les attentats de Londres et de Madrid ont été une leçon aux deux capitales pour changer d'attitude à l'égard des groupes extrémistes, après plusieurs années de complaisance sous couvert de respect des libertés. Londres pour sa part s'apprête à extrader pas moins d'une vingtaine d'activistes islamistes vers l'Algérie. Par ailleurs, l'interpellation, hier, de pas moins de 11 personnes dans les milieux islamistes à Ceuta, dénote le danger qui menace la péninsule ibérique. En outre, une équipe des services de sécurité espagnols, spécialisée dans la lutte antiterroriste, séjourne actuellement au Maroc où elle enquête sur les cellules terroristes marocaines, leurs liens avec les groupes actifs ou dormants en Espagne, ainsi que sur leur capacité à «exporter» des kamikazes. Ainsi, et en plus du dossier des extraditions, d'autres dossiers inhérents à l'immigration clandestine, à la lutte contre le blanchiment d'argent, à la lutte antiterroriste et à la coopération économique, notamment le projet Medgaz, étaient inscrits au menu des discussions entre le chef de l'Etat et son invité. La problématique de l'émigration clandestine qui a été examinée ces deux derniers jours par les «5+5» à Algésiras en Espagne, a été longuement évoquée par Zapatero avec ses interlocuteurs algériens. L'Espagne fait face à un afflux de clandestins, originaires principalement d'Afrique subsaharienne, mais aussi du Maghreb. Le conflit du Sahara occidental, qui connaît, au cours de ces derniers jours, une vague de répression contre les populations sahraouies, a été également au menu de la coopération politique algéro-espagnole. Evidemment, le volet énergétique n'a pas été en reste. Le projet Medgaz par lequel l'Algérie fournira à l'Espagne plus de 60% de sa consommation de gaz, ce nouveau gazoduc reliant directement Beni-Saf (Algérie) à Almeria (Espagne), avec une capacité initiale de 8 milliards de m3, doit entrer en service en 2009.