Une sécurisation des juridictions sera un pas en avant pour une justice sereine et indépendante. La sécurité des magistrats inquiète les autorités publiques. La mort dans des conditions encore floues du juge d'instruction au niveau d'Oum El Bouaghi, a appuyé la détermination de renforcer la sécurité des personnes activant dans ce secteur. La magistrate Sihem Bachiri a expliqué, hier à la presse, en marge du Séminaire sur le jumelage des juridictions d'appel algéro-françaises, que les magistrats algériens ont «l'ambition d'arriver à améliorer la sécurisation et la sécurité des juridictions». Elle a estimé que la sécurisation des volets humain, matériel et de l'information «est devenue une exigence, voire un impératif pour la réforme de la justice». Me Bachiri a ajouté que le nouveau siège de la cour d'Alger qui sera fonctionnel incessamment, «répond aux normes internationales en matière de sécurité» mais, selon elle, «le reste des tribunaux qui en dépendent, devraient être rénovés de façon à assurer une sécurité et une sécurisation de tout le personnel de la justice». Une sécurisation des juridictions sera «un pas en avant pour une justice sereine, rendue dans un climat serein et en toute indépendance», a ajouté la juriste, estimant que le jumelage des juridictions algéro-françaises «peut être d'un grand apport dans ce domaine». Sur un autre chapitre, l'Algérie s'intéresse de très près à la législation française dans le domaine de la lutte contre la corruption et le grand banditisme. C'est ce qu'a révélé, hier, l'inspecteur général des services judiciaires du ministère français de la Justice, M.Christian Rayssenguier. «La France possède une législation très originale en matière de lutte contre le grand banditisme. Nos amis algériens accordent un intérêt particulier à cette expérience», a-t-il affirmé. La coopération entre les deux pays concerne des dossiers particuliers de grande criminalité organisée, y compris le terrorisme. Le juriste français a déclaré ne pas posséder les chiffres exacts des dossiers, parce que le travail se fait au niveau institutionnel, sur des volets et non pas sur des dossiers personnels. La France, à titre de rappel, a mis en place des juridictions spécialisées dans le traitement des affaires liées au grand banditisme. Le ministre de la Justice s'inspirera-t-il de cet exemple dans le cadre des grandes réformes de son secteur? L'inspecteur général des services judiciaires du ministère français a constaté «un vrai dynamisme» des cours d'appel jumelées et «un véritable engagement» de leurs magistrats. «Nous travaillons ensemble sur des thèmes particuliers tels le droit des mineurs, le droit de famille, le droit commercial et l'informatique», a-t-il expliqué, ajoutant que lors du séminaire, «les pistes de travail pour 2007 seront tracées». M.Rayssenguier a, également, relevé que l'Algérie qui est «un pays émergent sur le plan économique, exprime une grosse demande sur le droit des affaires et le droit commercial», soulignant que la France est en mesure «d'apporter son savoir-faire» dans ce domaine. Cela permettra une meilleure compréhension entre les deux parties et aidera à «résorber le contentieux» qui existe entre les deux pays, en matière d'application des accords bilatéraux. Un point de vue soutenu par le secrétaire général du ministère de la Justice, Messaoud Boufercha, lequel a reconnu que la mise en oeuvre des accords d'entraide judiciaire rencontre, parfois, quelques difficultés. Imputant cela au fait que souvent l'une des parties possède une connaissance imparfaite, voire approximative du système judiciaire, de la législation des règles de procédure de l'autre partie. «Il s'ensuit, alors, une incompréhension souvent préjudiciable à la bonne application des dispositions de ces accords», a-t-il regretté.