Youcef Yousfi a estimé que le Conseil ne peut pas faire valoir l'alibi de la violation des droits de l'homme pour se saisir d'une situation lorsqu'il n'y a pas de menace avérée. Dans un communiqué de presse du département de l'Information de l'ONU, publié il y a deux jours, et qui a rapporté les débats de l'Assemblée, et portant sur la façon d'élargir la composante du Conseil de sécurité, le représentant de l'Algérie, Youcef Yousfi, a eu une intervention remarquée pour son aspect critique envers l'hégémonie du Conseil de sécurité. Selon le communiqué, Yousfi a souligné les insuffisances qui entachent la manière dont le Conseil s'acquitte de son mandat. Le rapport du Conseil de sécurité prouve l'incapacité de cet organe d'évoluer dans le sens des aspirations de la majorité des Etats membres, a-t-il ajouté. Ce rapport, tant dans sa forme que dans son contenu, ne permet pas à l'Assemblée générale de procéder à une analyse sérieuse et complète des activités du Conseil de sécurité, selon lui, alors que la Charte de l'ONU lui reconnaît pourtant le droit d'exercer un regard sur les activités du Conseil. Par ailleurs, Yousfi a estimé que les débats thématiques, qui empiètent inutilement sur les attributions de l'Assemblée générale et de l'Ecosoc, sont perçus par une grande majorité de membres, comme une manifestation de la volonté de marginaliser l'Assemblée générale. C'est pour cela d'ailleurs que l'Algérie, a expliqué M.Yousfi, a refusé d'organiser ce genre de débats lors de sa présidence du Conseil. Il a poursuivi en rappelant que le Conseil ne peut pas faire valoir l'alibi de la violation des droits de l'homme pour se saisir d'une situation lorsqu'il n'y a pas de menace avérée à la paix et à la sécurité internationales. Le représentant de l'Algérie, selon les termes du communiqué, a affirmé que le recours au veto qui empêche le Conseil d'exercer sa responsabilité à l'égard de la cause du peuple palestinien et de la situation au Moyen-Orient constitue un défi. Il a aussi dénoncé l'incapacité du Conseil à se réunir et à appeler au cessez-le-feu lors de la crise au Liban, en juillet dernier. Yousfi s'est, par ailleurs, félicité de l'étroite coordination qui s'est instaurée entre l'Union africaine, son Conseil de paix et de sécurité et ses organisations sous-régionales, qui a permis de réaliser des progrès dans le règlement de certains conflits en Afrique. La réforme du Conseil ne réalisera pleinement ses objectifs que si elle contribue à une démocratisation des relations internationales, a-t-il encore relevé. La réforme doit respecter le principe de l'égalité souveraine des Etats et corriger les déséquilibres en accordant une large place aux pays en développement et en réparant l'injustice qui frappe le continent africain. De l'avis de sa délégation, il faut donc attribuer deux sièges permanents à l'Afrique, avec toutes les prérogatives qui s'y attachent. Le représentant a, enfin, dénoncé le problème que pose le droit de veto, notant que l'écrasante majorité des Etats membres le juge anachronique et antidémocratique. Telle a été l'intervention très critique de l'Algérie envers les carences structurelles de l'ONU. Ainsi, elle emboîte le pas à Kofi Annan qui avait lancé, il y a quelques jours, et en guise d'adieu avant de quitter son poste de secrétaire général de l'ONU, une critique acérée envers le Conseil de sécurité et envers les Etats-Unis, accusés d'entraver le travail de l'Assemblée générale. L'Assemblée générale du 12 décembre, qui a pris note du rapport annuel du Conseil de sécurité, a achevé son débat sur la question de la représentation équitable au sein de cet organe principal des Nations unies et de l'augmentation du nombre de ses membres. Au total, plus de soixante-dix délégations se sont exprimées pendant deux jours sur un sujet où persistent des divergences, en particulier sur l'utilisation du droit de veto. Plusieurs propositions ont émergé lors de ce débat, et s'il existe un consensus sur la nécessité d'augmenter le nombre de membres du Conseil de sécurité afin de mieux refléter le monde du XXIe siècle, des différences d'approche subsistent sur le fait de déterminer si cet élargissement doit avoir lieu dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents, ou dans la seule catégorie des membres permanents. De même, l'extension du droit de veto à d'éventuels nouveaux membres permanents, fait l'objet de désaccords. Plusieurs pays, dont notamment les membres de l'Union africaine, réclament par ailleurs, son élimination pure et simple.