Abdelqahar Benhadj est au maquis de la zone II. Il a été enrôlé par l'organisation criminelle du Gspc et vit, à l'instar des autres terroristes, dans des conditions infernales. Traqués de toutes parts, les groupes armés de la zone II (Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou) errent, de jour comme de nuit. S'il y a bien une seule personne en Algérie qui soit tout à fait convaincue qu'Ali Benhadj est bel et bien fini politiquement, c'est Ali Benhadj lui-même. Il le sait et il en est sûr et certain. Raison qui le pousse à se donner un mal fou pour essayer d'occuper le devant de la scène. L'histoire de son fils cadet, Abdelqahar, et l'usage dont il en fait, en est une parfaite illustration du cynisme de cet homme énigmatique. Les aveux du repenti K. Ali, âgé de 28 ans, selon des sources crédibles contactées par nos soins hier, sont venus à point nommé pour enfoncer l'ancien numéro deux du FIS dissous. Selon les déclarations de K. Ali, Abdelqahar Benhadj a rejoint les rangs du Gspc et son père était au courant du projet de son fils. «Nous étions au nombre de six à rejoindre le maquis de Mizrana, et le fils d'Ali Benhadj était avec nous», a affirmé le repenti. Ce dernier s'est longuement étalé sur les conditions de vie que mènent les groupes armés au maquis. Selon ses propos, c'est infernal. «On ne passe jamais plus de 48 heures dans la même cache. C'est juste des tanières de transit où il n'y a rien, et on manque de tout. Le racket ne paie plus, car les citoyens qui utilisent les chemins de wilaya à haut risque sont désormais sur leurs gardes. Certains membres des groupes armés sont obligés de s'habiller comme tout le monde, et prennent le risque de descendre en ville en se fondant dans la foule pour se procurer les denrées alimentaires.» Le repenti confirme également: «Les groupes armés au niveau de la zone II n'ont plus aucune stratégie, ils mènent une lutte sans objectif et sans conviction.» Avant de poursuivre: «Les armes et les munitions manquent.» Continuant sur sa lancée, le repenti n'a pas manqué de confirmer les luttes intestines qui déchirent le Gspc. «Des émirs sont prêts à s'entretuer pour la ghanima», a-t-il reconnu. Selon le même repenti, le dénommé Abou el Haïthem alias Saâdani, qui vient d'être évincé (voir L'Expression du 18 décembre 2006) par l'émir Droukdel pour sa soi-disant incapacité d'assurer l'approvisionnement des maquis du Nord en armes, est en train de mener la belle vie. «Il roule en Mercedes et avec chauffeur...Il a réussi à s'enrichir de la ghanima, fruit des grands trafics du Gspc», a-t-il dit. Selon ses dires, les terroristes qui activent dans la zone II regroupant les wilayas de Tizi Ouzou, Boumerdès et Bouira, sont très mobiles de jour comme de nuit, afin qu'ils ne soient pas localisés facilement. Pour K. Ali, le maquis, c'est carrément l'enfer. Ceux qui l'ont rejoint ont été désabusés. Il est tout à fait surprenant de constater qu'Ali Benhadj réagit, cette fois-ci, avec moins de conviction en apprenant qu'un repenti a formellement reconnu que son fils est au maquis. L'ex-Fissiste en chef n'a jamais condamné le terrorisme, et il refuse toujours de le faire. Pire, les douze années de prison lui ont surtout permis de monter en grade dans la «manipulation». Même quand il s'agit de son propre fils, Ali Benhadj s'obstine davantage à défendre l'indéfendable. Il est à rappeler que de nom-breux émirs qui se sont rendus, à l'image de l'émir Broche Abdelmadjid, ex-chef de katibet Er-roub, n'avait pas hésité à traiter Ali Benhadj de traître. Le même Ali Benhadj était, on se souvient, monté au créneau au lendemain de la parution de l'information qui faisait état de la montée de son fils au maquis. Il avait même accusé l'Etat d'en être responsable. Quelle attitude aura-t-il aujourd'hui? Le condamnera-t-il ou parlera-t-il encore pour ne rien dire? Sur les conditions d'enrôlement du fils d'Ali Benhadj et de ses acolytes, nos sources n'ont révélé que le fait que ces derniers ont été contactés par des responsables du Gspc. D'autres aveux ont été tenus secrets pour des raisons sécuritaires.