Les pouvoirs publics sont responsables de l'anarchie occasionnée par les transformations des habitations en locaux commerciaux. Ce n'est un secret pour personne. Ce qui était un secret de Polichinelle saute aux yeux comme une cicatrice sur la joue. L'image n'est pas trop forte et la métaphore non plus. Le paysage urbanistique en Algérie est bel et bien mutilé, une plaie dont le remède tarde à être trouvé, sur lequel est venu se greffer un épiphénomène: les habitations transformées en locaux à usage commercial. Permis de construire, autorisations de transformation des constructions, registres du commerce...des documents souvent distribués et obtenus avec la complicité tacite des services concernés sans souci du désagrément dont sera victime le citoyen. Des constructions, souvent non achevées, des villas destinées à l'habitation sont transformées en locaux à usage commercial, dont le souci premier est bien évidemment un gain d'argent rapide et souvent très conséquent. Des instituts privés ornent désormais les étages d'immeubles et de villas cossues où prolifèrent crèches et salons de coiffure. Des constructions dont l'ostentation, message prioritaire, se mesure à leur degré de gigantisme mais surtout à toute absence d'esthétique. Les yeux plus gros que le ventre. Les rez-de-chaussée sont métamorphosés en salles des fêtes, sans parking pour les voitures, sans souci d'hygiène ainsi que des désagréments causés par la sonorisation. Les appartements sont mus en cybercafés. C'est hélas, cette image burlesque qui est donnée aux villes et aux quartiers d'Algérie sans que les pouvoirs publics ne trouvent à redire. Le débat, qui a eu lieu lundi entre 18h15 et 19h, sur la Chaîne III de la Radio nationale sur cette question, a eu le mérite de pointer du doigt les causes de l'anarchie ambiante qui entoure le domaine de l'urbanisme, en Algérie, mais il a donné surtout l'image de pouvoirs publics impuissants et «tolérants». Les différents services concernés se rejetant la balle conduit à l'imbroglio à toute épreuve, un écheveau impossible à démêler. Comment peut-on en arriver là? Comment des changements d'affectation peuvent-ils intervenir alors que les registres du commerce délivrés portent la mention adéquate du local ou de l'activité commerciale en question? Des dérogations exceptionnelles sont accordées. Qui peut en bénéficier? Comment en bénéficie-t-on? Les transformations qui peuvent être apportées à une construction sont du ressort des mairies et l'usage des locaux sont normalement soumis à un examen de l'administration. A en croire les responsables chargés de gérer cette situation, c'est la gestion à l'affectif des dossiers qui est la source de tous ces problèmes qui portent préjudice aux citoyens, et perturbent le climat de bien-être auquel aspirent les voisins et les riverains, victimes de l'apparition de commerces illicites avec la complicité des services concernés. Les enquêtes comodo incomodo sont faites par l'administration représentée par tous les services concernés, P et T, urbanisme, Sonelgaz pour être sûre que les travaux qui seront engagés ne représentent pas une gêne pour le citoyen. Alors comment expliquer que la Sonelgaz, qui est une Epic bien entendu, donc mue par l'autonomie financière, se retrouve malgré tout à brancher en électricité des constructions illicites sans que cela puisse déranger quiconque? Les plaintes, quand elles sont adressées par les citoyens sujets à ce genre de nuisance demeurent souvent sans suite. Et qu'en est-il d'un président d'APC qui rédige un arrêté communal qui se retrouve dans l'impossibilité de le faire exécuter car il est soumis à l'autorité du wali délégué? Légitimité populaire et, pouvoir administratif ne font souvent pas bon ménage en Algérie. La problématique de la séparation classique des pouvoirs Etat-réligion se pose de manière originale à travers le territoire national au détriment de la qualité de la vie de l'Algérien.