Nos communes accusent un déficit énorme en matière de structures d'accompagnement. Que ce soit pour les adultes ou pour les enfants. Qu'il s'agisse de lieux de savoir et d'apprentissage ou d'espaces de loisirs et de distractions. La seule satisfaction serait les structures sanitaires où le pays a enregistré des avancées tangibles quand bien même il resterait des localités qui attendent leur dotation en infrastructures de soins. Mais, incontestablement, le grand déficit est celui des bibliothèques. Rares en effet sont les communes qui disposant d'une bibliothèque qui sert aux jeunes citoyens de la municipalité de lieu de savoir et d'échange d'idées. Dans la première ville du pays, les bibliothèques de proximité existent dans la plupart des communes. Destinées beaucoup plus aux collégiens et aux lycéens, ces bibliothèques, à l'image de celles de Sidi M'hamed et de Belouizdad, offrent à leurs visiteurs un bon cadre d'apprentissage et de lecture. Les populations de ces communes tentent d'en profiter au maximum. On ne se bouscule pas au portillon de ces lieux : la lecture et le savoir ne font pas courir vraiment les Algériens. C'est un secret de Polichinelle. Les parents sont néanmoins conscients de l'apport de tels lieux pour la formation de leurs enfants. Pour eux, c'est le seul moyen de rattraper ce qui n'a pas été fait à l'école. Et à ce niveau, il n'y a pas l'ombre d'un doute sur les cas de déperdition qu'enfante notre école. «Mon fils trouve des difficultés à saisir les cours qu'on lui dispense à l'école. Il y a trop de perturbations. Beaucoup de grèves. Rien ne se fait selon les normes. Ses résultats ne cessent de m'inquiéter. Les révisions collectives qu'il effectue avec ses camarades de classe dans la bibliothèque communale compensent beaucoup le retard généré par les grèves successives que connaissent depuis le début de l'année les établissements scolaires», confesse un parent à son collègue, tous les deux cadres dans une banque publique à Alger-centre. En matière de bibliothèque, la municipalité de Sidi M'hamed n'en manque pas. Ce qui fait cependant défaut dans cette localité, c'est plutôt les aires de jeux malgré quelques acquis enregistrés ces dernières années. Des acquis qui sont visiblement loin de répondre à l'attente de la population juvénile. Un jeune montre sa déception en disant que «depuis la démolition du stade de proximité sis en face du siège de l'Union générale des travailleurs algériens, nous n'avons plus où pratiquer le sport. Même les travaux de reconstruction semblent traîner. Le stade était notre unique refuge. Nous y organisions des tournois pour célébrer quelques dates symboliques, auxquels prennent part d'anciens internationaux habitant le quartier». Notre interlocuteur ne s'arrête pas là. Il souligne que «les jeunes, à défaut d'aires de jeux, improvisent des matches à même la rue. Ce qui met en danger leur vie. L'exemple le plus édifiant est au niveau de la station de transport urbain Aïssat Idir que les jeunes du quartier transforment en arène de jeu dès que les bus n'y sont plus». Nul doute que des salles de sports existent ici et là. Mais les jeunes ont un penchant pour le football. C'est la discipline la plus pratiquée par les Algériens. Les enfants prennent néanmoins goût à d'autres disciplines comme la natation. Au niveau de la piscine du 1er Mai, les choses ne trompent pas. Ils sont en effet des centaines de bambins à se rendre quotidiennement sur le site pour des séances de natation. «Cette activité n'est cependant pas à la portée de tout le monde. Cela nécessite un engagement de toute la famille», explique une parente. D'autres catégories de la société sont, pour leur part, constamment à la recherche d'espaces verts et de détente. On se plaint ainsi du peu d'espaces existant dans certaines contrées du pays. Pour les Algérois, la réouverture du jardin d'Essais a répondu à une forte demande. Le nombre de visiteurs qui s'y rendent chaque jour en est la meilleur preuve. Le site ne désemplit pas à longueur d'année notamment durant les week-ends. C'est le seul refuge des familles algériennes. Quelques mois après sa remise en service, le jardin est resté propre. Des espaces verts existent ailleurs. Mais l'entretien fait cruellement défaut. «Nos espaces verts renvoient une triste image et un sombre décor. Des amoncellements d'ordures incitent le promeneur à sortir au plus vite de nos jardins publics, dont rien -ni les arbres qui dépérissent ni le gazon inexistant-, ne laissent penser que ce lieu avait un jour connu des jours heureux. Les responsables ne se lassent pas d'annoncer diverses opérations qui devaient toucher les espaces verts», témoigne un retraité habitué de la place du 1er Mai. Les architectes s'accordent à dire qu'il est important de penser à un meilleur développement de nos villes qui connaissent un élargissement dans la construction. Il est à la fois question de sensibiliser le citoyen et les pouvoirs publics à la nécessité de préserver les espaces verts. L'état des lieux des espaces verts est tellement désolant que le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme ne cesse de pointer du doigt aussi bien les constructeurs publics que les privés qui, à ses yeux, ne prennent pas en considération les besoins en espaces verts. Il soutient qu'il est plus qu'urgent que ces promoteurs intègrent dans leurs projets de construction la promotion et l'élargissement des espaces verts. Dans les faits, les directions de l'environnement se plaignent de leur incapacité à maîtriser l'entretien des jardins publics et autres espaces verts. Hormis des opérations d'élagage ou de taille d'arbres, la dégradation est chaque jour plus visible. Ils sont nombreux à connaître cette situation de délabrement, comme celui appelé «jardin Sophia», au cœur de la capitale, où le décor est désolant. Il est désormais identifié plus par le fait qu'il est devenu un refuge pour les délinquants et autres dealers, plutôt qu'un lieu de rencontre et de détente. Au vu et su de tout le monde -un barrage de la police est permanent à quelques mètres-, ils s'adonnent en toute impunité à des pratiques que la loi réprouve. A. Y.