Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Du non-respect du code de la route à l'arrogance, en passant par la violence ainsi qu'une multitude de violations, notamment celles des itinéraires et de la régularité, et même du travail informel, les acteurs du transport urbain de la ville de Tizi Ouzou, ce qui est appelé communément les taxis de la nouvelle ville, donnent l'image de la corporation la plus anarchique du pays, et même au-delà. C'est qu'il ne se passe pas un jour sans que le citoyen soit témoin ou victime de scènes abracadabrantes. Des scènes chaque jour plus insolites que celles de la veille et des jours précédents,tant la loi et la réglementation y semblent des concepts extraterrestres ou des textes inutiles élaborés à des fins de protocole et de formalités. En effet, comment expliquer qu'un grand nombre des taxis transportent des citoyens alors que les chauffeurs (ou les propriétaires) ne disposent pas d'autorisations qui leur permettraient d'exercer au niveau des lignes existantes ? Surtout que cette situation est un secret de Polichinelle puisque toute la population est au courant de cette pratique qui décourage les plus «réglos» d'entre eux et qui les encourage à se défaire de cette légalité et de cette correction qui pèsent très lourd. Il est vrai que cette question de l'informel touche pratiquement tous les secteurs d'activité, à voir les trottoirs de la ville transformés en un immense marché à ciel ouvert, mais la problématique du transport touche de très près à la sécurité de la population et les autorités devraient se pencher sur la question avant que cela ne soit trop tard. Surtout quand on sait que certains chauffeurs de ces petits fourgons asiatiques agissent plutôt comme des chauffards sur les routes étroites et malmenées de la ville des Genêts.Particulièrement du rond-point du centre-ville à la rue des frères Belhadj en passant par la rue Khodja Khaled où les embouteillages conduisent ces chauffeurs à faire dans les acrobaties, avec notamment les doublements dangereux. Il y a aussi cette histoire de «l'impuissance» des agents de l'ordre public devant l'arrogance de certains qui vont jusqu'à agresser les policiers verbalement et les menacer de les «faire muter vers les maquis», comprendre que l'individu dispose d'un bras assez long, dans la police en particulier et à l'intérieur du pouvoir décisionnel en général, qui leur permettent toute cette insolence. Et dire que ce sont des gens qui travaillent au noir et qui ne respectent même pas le code de la route, comptant plutôt sur des connaissances, y compris dans la police, prêtes à supprimer un quelconque procès-verbal présenté à leurs protégés. Une situation qui pousse les agents de l'ordre public à fermer les yeux devant les violations dont se rendraient coupables les chauffeurs respectueux et respectables exerçant dans la légalité. C'est-à-dire qu'il n'est pas question pour ces policiers de sanctionner des chauffeurs tranquilles qui font des petites erreurs alors que ceux sanctionnés pour des faits graves se remettront au volant quelques heures plus tard grâce justement à ce phénomène des interventions et des coups de fil. Mais les premières victimes de cette situation d'anarchie qui règne dans la corporation du transport urbain de Tizi Ouzou, ce sont bien les citoyens clients qui se retrouvent parfois à attendre plus d'une heure pour pouvoir se déplacer de la ville vers la nouvelle ville et vice versa. Les itinéraires bien ficelés par les autorités sont rarement respectés par la majorité des chauffeurs de taxi. Pour plusieurs raisons possibles, notamment les encombrements, les chauffeurs de taxi refusent de passer par certains endroits, laissant les gens attendre indéfiniment sur les trottoirs. «Je ne passe pas par la ville», «je vais jusqu'à la tour, pas plus», «je ne passe pas par le marché» etc., disent-ils souvent à des citoyens toujours en retard à leur travail ou à leurs occupations à cause justement de cette pratique alors que ces «taxieurs» sont tenus de respecter leur itinéraire. Avec aussi cette tendance à répercuter sur les citoyens tous les problèmes qu'ils rencontrent avec leur tutelle. Une direction de transports qui laisse faire impunément, de même que les services de sécurité. Jusqu'à quand cette banalisation de l'anarchie ?