Après la montée au créneau des exploitants libres des stations-service et des vétérinaires, c'est au tour des pharmaciens d'officine de hausser le ton. Décidément, l'année 2007 s'annonce houleuse. Le front social renoue avec les mouvements de contestation et les sit-in. Des débrayages seront enclenchés incessamment en signe de colère par certaines organisations syndicales. Et «l'absence» de réaction de la part du gouvernement aux doléances du partenaire social ne fait qu'augmenter la tension et présage d'un hiver particulièrement chaud. Tout comme les autres syndicats qui menacent de revenir à la charge à partir de janvier 2007, celui du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo) menace de fermer toutes les officines à travers le territoire national. «Si les promesses faites par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale concernant l'actualisation et l'augmentation des marges bénéficiaires appliquées aux médicaments ne seront pas tenues d'ici au premier trimestre de 2007, des actions de protestation seront également organisées», réplique, M.Abderahim Zemmouchi, président du bureau d'Alger du Snapo. M.Zemmouchi a expliqué, hier, à L'Expression, en marge des journées nationales pharmaceutiques du Snapo que le ministre du Travail, M.Tayeb Louh avait promis aux pharmaciens d'officine d'accompagner l'application des tarifs de référence pour le remboursement avec une modification des marges bénéficiaires qui leur permettent de faire la promotion du générique. «Nous avons baissé les prix des médicaments génériques à ceux des tarifs de références mais la marge est restée la même. Si l'Etat doit réussir la promotion du générique, il doit s'appuyer sur les pharmaciens d'officine», soutient-il. Les pharmaciens affiliés au Snapo, réclament ainsi une augmentation de 50% des marges bénéficiaires sur le prix d'achat pour le médicament dont le prix varie entre 0 et 300DA «comme promis par le ministre Louh car nous travaillons toujours avec les anciennes marges». Il faut savoir que quatre marges sont appliquées actuellement. 50% pour le médicament dont le prix oscille entre 0 à 70DA, de 70 à 120DA le taux est de 40%, de 120 à 160DA le taux est de 30% et au delà de 200DA le taux est de 50%. Notre interlocuteur rappelle qu'un projet portant révision des marges bénéficiaires appliquées aux médicaments, élaboré par une commission interministérielle, constituée par les représentants des ministères de la Santé, du Commerce et du Travail et de la Sécurité sociale, est actuellement à l'étude. Toutefois, les pharmaciens rejettent, a priori, ce projet. «Il occulte la promotion du générique et il ne contient aucune mesure incitative dans ce sens pour les pharmaciens», rétorque M.Zemmouchi. De plus, ajoute-t-il, le Snapo n'a pas été associé et consulté sur ce projet. «Les nouvelles marges, qui vont être éventuellement adoptées par le conseil interministériel, seront rejetées», clame M.Zemmouchi. Mme Souad Hamrour, présidente du Snapo, un acteur majeur de la production et de la distribution du médicament, a révélé que la marge n'a pas augmenté depuis 25 ans et «nous avons perdu 25% de notre chiffre d'affaires depuis cette date». Un état de fait qui met en ébullition cette corporation. Le Syndicat lance ainsi un SOS aux pouvoirs publics, concernant la gestion de leurs officines.